vendredi 15 août 2008

Algernon Woodcock de Gallié et Sorel (BD)

Écosse, XIXe siècle. Fraîchement nommé médecin, le nain Algernon Woodcock – au demeurant personnage aussi insaisissable qu'énigmatique – et son ami le docteur William McKennan se rendent au port d'Oban, où un grand brûlé attend les soins qu'ils pourront lui prodiguer. Cette première tournée du médecin de campagne et de son nabot d'acolyte tourne vite au surnaturel, car dans cette Écosse-là, que balaient les intempéries de l'hiver, il s'en faut de peu pour que les vieilles légendes de marins sèment effroi et confusion sur un plancher des vaches étouffant, perdu entre brumes et brouillards.

Série engagée sur dix tomes, cinq ont déjà été publiés.

Récits d’aventures fantastiques, j’étais plus qu’enthousiaste à la lecture des deux premiers tomes.  Pensez donc, voilà une BD qui promettait le meilleur en réunissant le talent du dessinateur Guillaume Sorel – époque victorienne et lande écossaise mystérieuse, ambiance gothique inquiétante et qualité graphique réelle – et du scénariste Mathieu Gallié – tournure de phrases délicieuses, humour, beaux textes bref que du bonheur me suis-je dis !
Car j’en ai marre de ces BD où le talent de l’un prime sur le travail de l’autre, je prends l’exemple – totalement pris au hasard rhu rhu – des superbes dessins de la série Blacksad aux scénarios faiblards ou - toujours au hasard rhu rhu – les BD scénarisées avec brio par Alan Moore auxquelles il manque souvent un dessinateur à la hauteur.

Donc, avec Algernon Woodcock, je me suis dis : ça y est, on y est ! Et bien non, zut ! flûte ! et crotte de bique ! Si les débuts semblaient des plus prometteurs, j’ai désenchanté au fur et à mesure de la lecture des tomes suivants. J’aurai tant voulu que ces récits d’un médecin de campagne se cantonnent à un fantastique de bon aloi, vous savez, lorsqu’il demeure à la lisière du réel, au contour flou et mal défini, lorsque le doute persiste sur les interprétations possibles… et bien non, l'aventure plonge peu à peu dans un récit de pure fantaisie avec à la clé une histoire de plus en plus incompréhensible et obscure. Déçue que je suis, l’histoire ne tient pas ses promesses, quel dommage, il y avait tellement matière à…


Extrait de L'Oeil fé, première partie :

« On ne connaîtra jamais du passé d’Algernon Woodcock que ce que de son vivant, il voulut bien en donner : c’est-à-dire peu de chose, moi-même qui fus son ami et confident durant toutes ces longues années, j’en reste bien souvent contraint à d’incertaines hypothèses. Algernon ne livra jamais rien qui pût lever le secret : ce que je sais de lui, je ne le découvris que par brides, souvent à son insu, parfois tardivement. Ainsi, j’ignore tout du nébuleux cheminement qui mena Algernon jusqu’à notre rencontre. Qu’importe, après tout, il ne m’appartient pas de lever le mystère dont il sut s’entourer, les nombreux cahiers qu’il m’a laissés et dans lesquels il a consigné une partie de son histoire parleront peut-être pour lui plus tard, bien plus tard… »

 

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