Alors que le célèbre pianiste Stephen Orlac revient en hâte rejoindre son épouse après une série de concerts, il est victime d’un accident ferroviaire à la suite duquel il perd l’usage de ses mains. A la demande de son épouse, le douteux docteur Cerral lui greffe les mains d’un cadavre, qui s’avère être le corps d'un assassin condamné à mort et récemment guillotiné. Obsédé par l’origine criminelle de ses mains, Stephen Orlac vit dans la peur constante qu’elles échappent à son contrôle pour commettre d’horribles méfaits. Pendant que Stephen Orlac s’enfonce dans la dépression et que le couple croule sous les dettes, le père d'Orlac est retrouvé assassiné à son domicile. Plusieurs indices semblent accuser son fils...
L’écrivain français Maurice Renard publiera Les Mains d’Orlac en 1921, un roman teinté de fantastique mais qui se conclue à la manière d'une enquête policière. Ce film connaîtra quatre adaptations au cinéma, de 1924 à 1962. Il s’agit ici de la première et donc la plus ancienne adaptation, réalisée par l’allemand Robert Wiene, réalisateur célèbre pour son film expressionniste Le cabinet de docteur Caligari (1919), composant un univers complètement déstructuré qui reflétait le traumatisme de la guerre et de la défaite allemande. Nous retrouvons d’ailleurs l'excellent acteur Conrad Veidt, présent dans les deux films.
Les Mains d'Orlac n'est pas vraiment ce que nous pourrions appeler un film culte, tant quelques défauts ne se font pas oublier : des lenteurs plombent l'intrigue, quelques développements du scénario nous laissent sceptiques, le jeu maniéré de l'actrice principale n'est pas des plus convaincants et les décors épurés rappellent trop le théâtre filmé. Il n'en reste pas moins un film qui mérite qu'on s'y attarde, ne serait-ce que pour l'interprétation remarquable de l'anguleux Conrad Veidt, qui joue à merveille et tout en expressivité le rôle d'un homme torturé qui se prend en horreur, comme dominé par ces mains étrangères qui ne lui appartiennent pas et qui semblent douées de vie autonome. Un homme qui a dû faire trembler plus d'une spectatrice de l'époque ! La musique est assez surprenante et soutient à merveille le propos du film.
Un film muet à voir par curiosité, qui explore les tourments psychologiques et témoigne de la puissance de l'inconscient, tout en excluant en final le côté surnaturel ou fantastique puisqu'il propose un dénouement qui se veut avant tout rationnel.
Titre original : Orlacs Hände
Réalisateur : Robert Wiene
Acteurs : Conrad Veidt, Alexandra Sorina, Carmen Cartelieri
Origine : Autriche
Genres : Crime, Horreur
Public : Tout public
Année de production : 1924
Durée : 1h33
A découvrir également :
* Docteur Mabuse de Fritz Lang (1922)
* La Princesse aux huîtres de Ernst Lubitsch (1919)
* Les espions de Fritz Lang (1928)
La version de Freund, grand maître de la lumière et des ombres, avec l'irremplaçable Peter Lorre (qui signa lui-même un beau film, L'Homme perdu, sur les années d'après-guerre en Allemagne), valait aussi le détour ; il faut redécouvrir la filmographie de Conrad Veidt, irréductible à l'expressionnisme, bien servi notamment par Powell (L'Espion noir ou Le Voleur de Bagdad) et Curtiz (Casablanca) - dans ces trois titres, il confère à ses rôles de "méchants" une humanité profonde, bien plus germanophile que germanophobe. Signalons aussi que Philippe Pascal lui rendit hommage le temps d'une chanson, à l'époque où il œuvrait au sein de Marquis de Sade, ce qu'on lui reprocha, l'assimilant à une sympathie assez peu "politiquement correcte" (déjà) pour les "jours sombres" d'hier..
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup l'acteur Conrad Veidt, et j'en reparlerai d'ailleurs très prochainement, pour mon plus grand plaisir !
SupprimerGrâce à toi j'ai l'impression de faire un grand bond dans l'Histoire du cinéma
RépondreSupprimerlol c'est aussi un des plaisirs du cinéma ;-)
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