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Affichage des articles du novembre, 2008

Central Europe de William T. Vollmann

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« Central Europe » est une fresque historique colossale de l'Europe centrale de 1914 à 1975, mais pas seulement… véritable monstre littéraire aux multiples tentacules,  sorte de Léviathan sorti droit des enfers de la guerre et du pouvoir totalitaire, tout semble hors norme dans ce roman : le nombre de thématiques - la grande histoire, la petite histoire, l’universel, l’intime, la guerre, les batailles, les stratégies militaires, l’art, la politique, l’amour, la souffrance, le totalitarisme, le nazisme, la shoah - le nombre d’heures passées à la recherche biographique - le nombre de personnages - le nombre de chapitres - l’épaisseur du volume, une œuvre de plus de 800 pages pour se confronter à la guerre, plus précisément au front de l’Est de l’Allemagne nazie et de l’Union soviétique staliniste durant la deuxième guerre mondiale.   Pour ce faire, l’auteur met en scène une trentaine de récits enchevêtrés, tel un chef d’orches...

Les bienveillantes de Jonathan Littell

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Je suis sortie de ce roman, après 3 semaines de lecture, avec un sentiment de nausée très prononcé : je voulais en finir au plus vite et prendre de la distance avec ce qu'il m'insufflait, j'étais d'ailleurs si pressée de le terminer que j'ai sauté plusieurs pages les derniers jours. Ce livre témoigne d'un énorme travail de documentation, et le romans traverse l'histoire du nazisme sur une période aussi large, allant du début du nazisme jusqu'aux bombardements sur Berlin. Évidemment, cela rend le parcours de Maximilian Aue assez invraisemblable, tant on imagine mal une personne se trouvant sur tous les fronts et ayant suivi toutes les étapes les plus importantes du nazisme, mais cela a le mérite de nous offrir une vue d'ensemble assez complète des événements. Ce que j'ai aimé dans ce roman, c'est que J. Littell démonte notre croyance en une mécanique bien huilée et trop parfaite du nazisme, en nous révélant à quel point c'était en réal...

Gemma Bovery de Posy Simmonds (BD)

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Keisha et moi-même aimerions promouvoir une auteure qui vaut vraiment la peine d’être connue, j’ai nommé Madame Posy Simmonds. Ceci d’autant plus qu’elle est actuellement sous les feux de l’actualité avec la sortie de Tamara Drewe , que je n’ai pas encore eu la chance d’approcher de près, ce qui ne saurait tarder.   Mais pour l’heure, il s’agit avant tout de vous présenter sa précédente œuvre traduite en français, Gemma Bovery, parue en octobre 2000. Gemma Bovery n'est pas tout à fait une BD ni un roman. Jean-Claude Fromental, le cotraducteur, parle plutôt d'un roman graphique : mélange de texte, d’illustrations et de bande dessinée dû au talent de Posy Simmonds, illustratrice britannique renommée. Gemma Bovery est une jeune femme anglaise qui, après une déception amoureuse, s'attache à un brave homme affublé d'une ex-femme horripilante dont il a deux enfants. Gemma n'en peut plus de cette encombrante « ex » et décide, avec son ...

Le sec et l’humide de Jonathan Littell

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« Le sec et l’humide : une brève incursion en territoire fasciste » est un texte qui fut rédigé en 2002, en pleine écriture des « Bienveillantes », qui reçu le Prix Goncourt et le Prix du roman de l'Académie française en 2006. Cet essai est le fruit de la rencontre de deux documents écrits à des périodes différentes : 1° Le livre « Mӓnnerphantasien » (« Fantames mâles ») de Klaus Theweleit. Il s’agit d’une étude datant de 1977 sur les Freikorps, milice allemande créée après la première guerre mondiale pour défendre la frontière de l’Allemagne de l’Est contre une éventuelle invasion russe mais également pour contrer les tentatives de révolution dans le pays, notamment communistes et socialistes. Pour informations, les Freikorps furent dissous en 1921, et si certains d’entre eux rejoignirent la milice d’Hitler, la plupart se sont engagés dans la milice de droite des Stahlhelm. A partir de l’étude des récits de guerre, journaux et mémoires des miliciens a...

Debout les morts de Fred Vargas

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Quatrième de couverture Un matin, la cantatrice Sophia Siméonidis découvre, dans son jardin, un arbre qu'elle ne connait pas. Un hêtre. Qui l'a planté là ? Pourquoi ? Pierre, son mari, n'en a que faire. Mais la cantatrice, elle, s'inquiète, en perd le sommeil, finit par demander à ses voisins, trois jeunes types un peu déjantés, de creuser sous l'arbre, pour voir si... Quelques semaines plus tard, Sophia disparaît tandis qu'on retrouve un cadavre calciné. Est-ce le sien ? La police enquête, Les voisins aussi. Sophia, ils l'aimaient bien. L'étrange apparition du hêtre n'en devient que plus énigmatique. Quelques chiffres : « Debout les morts » est le quatrième roman de l’auteur, mon troisième Fred Vargas et ma première infidélité au commissaire Adamsberg ! A l’instar des trois mousquetaires, ce n’est pas trois mais quatre personnages qui prendront le relais du fameux commissaire : un trio d’historiens appelés les Evangéli...

Best Love Rosie de Nuala O’Faolain

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Décédée cette année à l’âge de 68 ans à Dublin, l’écrivaine irlandaise Nuala O’Faolain est l’auteur de cinq romans dont le dernier « Best Love Rosie ». Elle a notamment obtenu le prix Fémina du roman étranger pour L’histoire de Chicago May , chroniqué sur ce blog. Récits d’inspiration le plus souvent biographique et autobiographique, Nuala O’Faolain se dévoile beaucoup dans ses romans, que ce soit au sujet du poids des traditions et de la religion dans la très catholique Irlande, de son alcoolisme, de sa sexualité, de sa défense des droits de la femme, de la nécessité de s'exiler de son Irlande bigote tant houspillée pour revenir malgré tout à son Irlande tant aimée aussi. En définitive, Nuala O’Faolain nous parle avant tout des problèmes auxquels sont confrontés les femmes irlandaises de sa génération, nées au début des années quarante, tout en demeurant très actuelle dans ses questionnements intimes et ses tâtonnements, doutes et craintes diverses. ...

Les déferlantes de Claudie Gallay

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La lecture de ce roman vient au meilleur moment, celui où j’éprouve le besoin d’une lecture plus accessible. Effectivement, entre le dernier Pynchon, que j’ai fini par abandonner, et le roman colossal « Central Europe » de William-T Vollmann, toujours en cours de lecture, je n’ai décidément pas choisi la facilité ces dernières semaines. Aussi, lorsque je suis tombée sur « Les déferlantes » à la bibliothèque, roman que je guettais depuis sa sortie et précédé d’une excellente réputation, je n’ai pas hésité une seconde à l’emprunter. Me voilà donc transportée dans le Cotentin, à la pointe de la Hague, dans un village où vit quelques hommes aux caractères aussi rudes que le climat qui y sévit. La narratrice, une femme d’une quarantaine d’années, vient d’y trouver refuge depuis quelques mois. « J’étais arrivée ici à l’automne, avec les oies sauvages, ça faisait un peu plus de six mois. Je travaillais pour le Centre ornithologique de Caen. J’o...

La cité des Jarres de Arnaldur Indridason

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Un nouveau cadavre est retrouvé à Reykjavik. L'inspecteur Erlendur est de mauvaise humeur : encore un de ces meurtres typiquement islandais, un " truc bête et méchant " qui fait perdre son temps à la police... Des photos pornographiques retrouvées chez la victime révèlent une affaire vieille de quarante ans. Et le conduisent tout droit à la " cité des Jarres ", une abominable collection de bocaux renfermant des organes... N’ayant pas lu la série dans l’ordre de parution des romans, La cité de Jarres est la première enquête de l’inspecteur Erlendur mais ma troisième lecture en ce qui me concerne. Une conclusion s’impose à la lecture de mes trois romans d’Indridason : je suis accro à l’ambiance particulière de ces polars venus du nord, au ton sombre, rude et froid. Ce premier roman, où il est question de viol, de filiation, d’hérédité et de recherches génétiques, est de bonne facture et ne m’a pas déçue, même si je l’ai trouvé un peu ...