Quatrième de couverture
Louis Seynaeve, élève dans un pensionnat de religieuses, puis dans un collège de jésuites, est un enfant précoce qui cache ses blessures intimes sous une carapace d'indifférence. Avec une lucidité inquiétante, il regarde les adultes se débattre autour de lui : en ces temps troublés (1939-1947), la ville de Walle, à deux pas de la frontière française, est le théâtre d'un écartèlement. Les Flamands sont pris en tenaille entre leur fidélité à la Belgique et la fraternité pangermanique offerte par l'Allemagne nazie. Confusion, insatisfaction et sentiment de duperie tisseront les années d'enfance et d'adolescence de Louis. A travers une incroyable galerie de portraits, Le Chagrin des Belges révèle tout l'exotisme d'un pays si proche, d'un " plat pays " extraordinaire qui est celui de Breughel, d'Ensor et de Ghelderode.
Hugo Claus, qui se définissait (avec un certain sens de la provocation) comme un « flamingant francophile », revient sur les années d’occupation nazie et sur la collaboration de certains flamingants, séduits par le pangermanisme potentiel que pouvait laisser espérer l’hégémonie allemande de l’époque.
Sous forme de chronique provinciale où nous retrouvons beaucoup d’éléments autobiographiques de l’auteur, « Le chagrin des belges » est composé d’une multitude d’anecdotes et de personnages hauts en couleur se déployant de 1939 à 1947. Ces années précédant et suivant la seconde guerre mondiale sont aussi celles où le jeune Louis Seynaeve passera de l’enfance à l’adolescence en compagnie de sa famille, tous originaires de la Flandre occidentale. Entre un père éditeur de propagande allemande, un grand-père flamingant et une mère secrétaire et maîtresse d’un officier allemand, c’est toute une période trouble et confuse de l’histoire de la Belgique qui s’offre aux yeux d’un jeune enfant fantasque en quête d’identité.
Roman initiatique en temps de guerre et de collaboration dans lequel les adultes n’ont pas le meilleur rôle : lâches et menteurs, se dissimulant continuellement derrière des masques et ne cessant de tricher et de tromper leur entourage, ils se révèlent non seulement indignes de confiance mais tout aussi faibles que facilement manipulables. Ce que notre jeune héros découvrira bien assez tôt, n’hésitant pas à recourir lui-même aux mensonges et manipulations pour arriver à ses fins, sans pour autant se départir d’une culpabilité et de l’angoisse existentielle qui s’en suivent, les bonnes sœurs du pensionnat et leurs règles rigoristes ayant soigneusement planté les germes du catholicisme dans le terrain meuble et malléable qu’offrait en pâture l'âme de leurs jeunes pensionnaires.
Cette vision assez noire et pessimiste de la nature humaine est heureusement contrebalancée par un certain sens de la dérision et du burlesque, l’auteur ne se privant pas d’inviter dans une grande partie du récit les délires, exaltations et fantasmes du personnage principal. Ce qui rend d’ailleurs parfois la lecture du récit malaisée, ne sachant pas toujours d’emblée si nous nous situons dans la réalité ou dans les escapades mentales du jeune Louis Seynaeve.
Ce pessimisme cuirassé d’ironie ne parvient pas non plus à dissimuler une certaine tendresse de l’auteur envers sa terre natale, témoignant s’il en était besoin de toute l’ambiguïté et la complexité des liens qu’il entretenait avec ses racines et son identité flamande.
Le grand trait de génie de l’auteur est de nous démontrer toute la multiplicité et les paradoxes du comportement des hommes en partant des contradictions du nationalisme flamand. Car si Hugo Claus part du caractère typiquement flamand de ses personnages et sur les revendications séparatistes de certains d’entre eux, c’est aussi pour nous mener vers une certaine universalité de la faiblesse des hommes en nous mettant en garde contre toute tentation totalitaire et fascisante.
Roman baroque aux personnages excentriques et truculents ayant pour thème principal la perte de illusions, « Le chagrin des belges » est un roman foisonnant, dense et riche en interprétations diverses : pouvant se décoder selon plusieurs grilles d’analyse, certaines se sont révélées inaccessibles en ce qui me concerne (je pense notamment aux allusions à la franc-maçonnerie et à quelques personnages demeurés obscurs pour lesquels on sent bien que l’ « on ne nous dit pas tout »). Et si je vous avoue que ce roman n’évite pas toujours quelques longueurs, il n’en demeure pas moins un roman essentiel au lecteur qui veut s’imprégner des ingrédients qui ont nourri les revendications séparatistes flamandes de ce petit mais oh combien complexe pays qu’est la Belgique.
Louis Seynaeve, élève dans un pensionnat de religieuses, puis dans un collège de jésuites, est un enfant précoce qui cache ses blessures intimes sous une carapace d'indifférence. Avec une lucidité inquiétante, il regarde les adultes se débattre autour de lui : en ces temps troublés (1939-1947), la ville de Walle, à deux pas de la frontière française, est le théâtre d'un écartèlement. Les Flamands sont pris en tenaille entre leur fidélité à la Belgique et la fraternité pangermanique offerte par l'Allemagne nazie. Confusion, insatisfaction et sentiment de duperie tisseront les années d'enfance et d'adolescence de Louis. A travers une incroyable galerie de portraits, Le Chagrin des Belges révèle tout l'exotisme d'un pays si proche, d'un " plat pays " extraordinaire qui est celui de Breughel, d'Ensor et de Ghelderode.
Hugo Claus, qui se définissait (avec un certain sens de la provocation) comme un « flamingant francophile », revient sur les années d’occupation nazie et sur la collaboration de certains flamingants, séduits par le pangermanisme potentiel que pouvait laisser espérer l’hégémonie allemande de l’époque.
Sous forme de chronique provinciale où nous retrouvons beaucoup d’éléments autobiographiques de l’auteur, « Le chagrin des belges » est composé d’une multitude d’anecdotes et de personnages hauts en couleur se déployant de 1939 à 1947. Ces années précédant et suivant la seconde guerre mondiale sont aussi celles où le jeune Louis Seynaeve passera de l’enfance à l’adolescence en compagnie de sa famille, tous originaires de la Flandre occidentale. Entre un père éditeur de propagande allemande, un grand-père flamingant et une mère secrétaire et maîtresse d’un officier allemand, c’est toute une période trouble et confuse de l’histoire de la Belgique qui s’offre aux yeux d’un jeune enfant fantasque en quête d’identité.
Roman initiatique en temps de guerre et de collaboration dans lequel les adultes n’ont pas le meilleur rôle : lâches et menteurs, se dissimulant continuellement derrière des masques et ne cessant de tricher et de tromper leur entourage, ils se révèlent non seulement indignes de confiance mais tout aussi faibles que facilement manipulables. Ce que notre jeune héros découvrira bien assez tôt, n’hésitant pas à recourir lui-même aux mensonges et manipulations pour arriver à ses fins, sans pour autant se départir d’une culpabilité et de l’angoisse existentielle qui s’en suivent, les bonnes sœurs du pensionnat et leurs règles rigoristes ayant soigneusement planté les germes du catholicisme dans le terrain meuble et malléable qu’offrait en pâture l'âme de leurs jeunes pensionnaires.
Cette vision assez noire et pessimiste de la nature humaine est heureusement contrebalancée par un certain sens de la dérision et du burlesque, l’auteur ne se privant pas d’inviter dans une grande partie du récit les délires, exaltations et fantasmes du personnage principal. Ce qui rend d’ailleurs parfois la lecture du récit malaisée, ne sachant pas toujours d’emblée si nous nous situons dans la réalité ou dans les escapades mentales du jeune Louis Seynaeve.
Ce pessimisme cuirassé d’ironie ne parvient pas non plus à dissimuler une certaine tendresse de l’auteur envers sa terre natale, témoignant s’il en était besoin de toute l’ambiguïté et la complexité des liens qu’il entretenait avec ses racines et son identité flamande.
Le grand trait de génie de l’auteur est de nous démontrer toute la multiplicité et les paradoxes du comportement des hommes en partant des contradictions du nationalisme flamand. Car si Hugo Claus part du caractère typiquement flamand de ses personnages et sur les revendications séparatistes de certains d’entre eux, c’est aussi pour nous mener vers une certaine universalité de la faiblesse des hommes en nous mettant en garde contre toute tentation totalitaire et fascisante.
Roman baroque aux personnages excentriques et truculents ayant pour thème principal la perte de illusions, « Le chagrin des belges » est un roman foisonnant, dense et riche en interprétations diverses : pouvant se décoder selon plusieurs grilles d’analyse, certaines se sont révélées inaccessibles en ce qui me concerne (je pense notamment aux allusions à la franc-maçonnerie et à quelques personnages demeurés obscurs pour lesquels on sent bien que l’ « on ne nous dit pas tout »). Et si je vous avoue que ce roman n’évite pas toujours quelques longueurs, il n’en demeure pas moins un roman essentiel au lecteur qui veut s’imprégner des ingrédients qui ont nourri les revendications séparatistes flamandes de ce petit mais oh combien complexe pays qu’est la Belgique.
Hugo Claus, né le 5 avril 1929 à Bruges et mort le 19 mars 2008 à Anvers, est un écrivain, poète, dramaturge, peintre (il fit partie du groupe Cobra avec Appel et Alechinsky), scénariste et réalisateur belge d'expression néerlandaise. Auteur prolifique et à multiples facettes, dont l'envergure internationale fut définitivement scellée par son opus magnum Het verdriet van België (Le Chagrin des Belges, 1983), Hugo Claus appartient aux grandes figures de la littérature néerlandophone. Citée à plusieurs reprises pour le prix Nobel, son œuvre, placée sous le signe d'un vitalisme hors pair, se caractérise par une écriture à la fois poétique et directe. Tout en s'inspirant volontiers des classiques, Claus ne redoute nullement de verser dans le propos burlesque, trivial, voire obscène.
Source
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Rencontre avec Hugo Claus à propos de son roman "Le chagrin des Belges". Entretien avec cet auteur de renom qui évoque les grands sujets de son livre : la religion, contre laquelle il a une haine viscérale, le parallélisme avec sa propre vie, le "flamand petit bourgeois" et le mensonge qui est une nécessité. Voir son interview en cliquant sur le lien ci-dessous :
Hugo Claus et 'Le chagrin des Belges' | SONUMA
Hugo Claus et 'Le chagrin des Belges' | SONUMA
Je suis très intéressée par le sujet. Ayant eu l'occasion l'été dernier de visiter la Belgique (côté flamand), je me suis beaucoup interrogée sur ce conflit qui divise un si petit pays... je note, donc !
RépondreSupprimerC'est un excellent roman, et aussi truculent soit-il, tout sonne vrai. Je ne crois plus en la Belgique, et si le divorce n'est pas encore prononcé, c'est parce que personne ne sait quoi faire de Bruxelles (les wallons et les flamands n'aiment pas Bruxelles mais c'est la poule aux oeufs d'or, alors personne ne veut le lâcher). Ce pays me fait beaucoup de peine et ces problèmes communautaires me sont devenus insupportables. Alors quand on me parle de l'Europe... j'ai comme de gros doutes quand je vois ce qui se passe ici même.
SupprimerSi les belges se mettent à avoir du chagrin le monde est foutu. Une fois.
RépondreSupprimerOh Pascale, si tu savais le nombre de conneries qui se passent ici, tu tomberais à la renverse. Alors quand on me parle de l'Europe... je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. Enfin, c'est pas tout rose non plus chez vous, je croise les doigts pour vos prochaines élections.
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