The Lost City of Z de James Gray
Avec Charlie Hunnam, Sienna Miller, Tom Holland, Robert Pattinson
États-Unis, Sortie 2017
Percy Fawcett est un homme « mal né » : la déchéance de son ascendance paternelle n’est pas sans conséquence dans une société édouardienne fortement corsetée et hiérarchisée, tant et si bien qu’il éprouve bien des difficultés de se hisser à la hauteur de ses ambitions professionnelles et plus personnelles, et ce malgré l'excellence de ses aptitudes. Fawcett en arrive à accepter la mission de cartographier les frontières entre le Brésil et la Bolivie, pensant y trouver l’opportunité d’une réhabilitation sociale future. Mais la découverte des vestiges d’une civilisation disparue aura un impact déterminant sur lui et modifiera en profondeur ses priorités
A son retour, il ne cesse de plaider la cause de l’existence de cette civilisation perdue, qui prouverait que l’homme blanc n’est nullement supérieur aux indigènes. Une cause qui ne pouvait que fortement trouver des résonances en lui, Fawcett n’ayant jamais été reconnu pour ses mérites de par les préjugés de caste de la société britannique de son époque.
Dorénavant, retrouver cette citée enfouie dans la jungle amazonienne devient sa seule obsession, quels que soient les sacrifices demandés. Et nous accompagnons la quête de cet homme, qui est arrivé à transcender l'empreinte d'une origine entachée en cherchant à satisfaire un idéal bien plus grand que lui : trouver la preuve de l'égalité des hommes, quelles que soient ses origines sociales ou ethniques. C’est dangereux, déraisonnable mais aussi émouvant et troublant, la spectatrice que je suis ne pouvant qu’être touchée par l’évolution de ce personnage, qui à force de rechercher une citée disparue, s’égare dans son obsession au point de négliger l’essentiel : sa famille. Un homme qui ne doutera jamais de l'existence de cette civilisation perdue et qui entrainera son fils aîné dans la poursuite de ses propres chimères, unique façon pour ce dernier d'établir enfin une relation avec son père. Un fils sacrifié sur l’autel d'un père qui se consumera dans sa quête égalitaire devenue quasi mystique, et dont les échos plus personnels demeureront sans doute inconscients. Il n'y a peut-être que son épouse qui est arrivée à le comprendre pleinement.
J’ai beaucoup aimé ce film, qui apporte une nouvelle pierre à l’édifice que construit petit à petit le réalisateur, tant nous retrouvons quelques-unes de ses thématiques comme la filiation, une certaine idée du sacrifice, la perte ou encore l’importance des pères et des origines sur nos destinées. J’ai apprécié également la musique du film, qui accompagne à merveille les images et qui m'a aidée à me hisser à la hauteur des illusions de cet homme « mal né », qui a fini par trouver un sens à sa vie en voulant prouver à la face du monde sa vision humaniste, au risque de s'y perdre. Superbe voyage intimiste, personnel, et bien plus encore...
Très beau voyage initiatique que ce film : je te rejoins sur l'appréciation que tu portes à son égard.
RépondreSupprimerJ'espère que tu nous en parleras à ton tour, chaque spectateur ayant sa vision personnelle de ce beau voyage initiatique. Je serai donc curieuse de connaître la tienne également ;-)
Supprimer140 mns & même un poil de bonne volonté ne raccourcit pas le chemin ...
RépondreSupprimerDire que je me suis beaucoup fait ch... reste très en dessous de la vérité. :-)
Dommage Ronnie, c'était aussi un peu ma crainte (trouver le temps long) mais pas du tout, je m'y suis bien retrouvée pendant toute l'aventure, certes volontiers plus "spirituelle" qu'autre chose. Mais j'aime bien le genre, ça doit aider à apprécier le film ;-)
SupprimerSuperbe et fascinant voyage que celui de Percy Fawcett retracé par la caméra exploratrice de James Gray. Ta plume trouve le chemin exact qui dévoile un peu du mystère de ce personnage qui se cherche un idéal à travers sa cité chimérique. Je compte bien repartir à sa recherche dès que l'occasion se présentera.
RépondreSupprimerSuperbe voyage, j'ai bien été inspirée de faire confiance à tes conseils, ainsi qu'à ceux de Pascale et de Strum. Après l'écriture de mon billet, j'ai relu chacun de vous et j'étais épatée de constater à quel point chacun avait sa manière bien particulière d'en parler, offrant ainsi de multiples facettes d'un même film. Ce qui démontre, selon moi, sa qualité, sa richesse mais aussi son intérêt.
SupprimerLa jungle amazonienne est décidément une excellente source d'inspiration pour les bons cinéastes, qui arrivent à s'en approcher en conservant les spécificités de chacun.
Prévu demain, je pense. Et ton article m'incite à ne pas le rater. En plus le personnage semble être aux antipodes d'Aguirre, autre très bon film "de jungle". Bien sûr les deux films narrent des époques très différentes et n'ont en commun que le pays. A bientôt et merci de ton intervention chez l'ami Martin de 1001 films.
RépondreSupprimerCe serait bien dommage de le louper (d'autant plus que les dernières sorties au cinéma ne sont pas des plus enthousiasmantes, en ce qui me concerne du moins). Nous sommes loin du film Aguirre de Werner Herzog (note, je lui préfère nettement Fitzcarraldo, qui est un petit bijou). Et si jamais tu ne l'as pas vu, je te conseille volontiers L'étreinte du serpent par Ciro Guerra, un excellent film qui a sa propre personnalité. Une bien belle réussite.
SupprimerMerci à toi d'être passé par ici, et à bientôt. Bon film aussi !
Pour L'étreinte du serpent non, je n'ai pas aimé. Cette histoire autour du chamanisme m'a laissé hors du coup. J'aime beaucoup Fizcarraldo aussi, un peu moins qu'Aguirre cependant. En général et comme je l'ai dit chez Martin je trouve que l'Amérique du Sud nous offre de belles choses. A bientôt.
SupprimerDommage, mais c'est vrai que je suis bonne cliente des histoires autour du chamanisme, pas que j'y crois mais la fiction qui emprunte son sentier a un certain pouvoir de fascination sur moi, même si ma propre raison s'y oppose. Je dois conserver une case de mon cerveau qui y répond malgré tout ;-)
SupprimerJe me retrouve bien dans ton appréciation du cinéma en provenance de l'Amérique du Sud, et j'essaye, dans la mesure du possible, d'y être attentive.
Tu oublies de dire à quel point Charlie chou est superbe :-) et c'est capital.
RépondreSupprimerEt pourquoi la famille serait l'essentiel ?? Fuir Sienna Miller me semble salutaire :-)))
J'ai failli écrire à quel point Charlie était chou et superbe (avec quelque chose d'enfantin dans le regard totalement craquant) mais ça n'allait pas vraiment dans le ton de mon billet :-D
SupprimerContrairement à toi, j'ai bien aimé Sienna Miller dans ce film. Mais en fait, je ne sais pas trop qui elle est, j'avais l'impression de la croiser pour la première fois. Sans doute que non, mais je n'ai quand même pas vu beaucoup de ses films visiblement.
Ah tu n'as pas tort, la famille, faut parfois s'en tenir bien loin. Mais dans son cas, à savoir faire des marmots à chaque retour avant de repartir, faut assumer ensuite. Là, il est clairement défaillant dans son rôle de père et d'époux.
La faute à Siena je te dis. Fuir en sens inverse est la meilleure voie :-)
RépondreSupprimerTu as dû la croiser 100 fois, son agent l'impose dans pas mal de films... mais d'un film à l'autre elle n'a jamais la même tête ce qui fait qu'on ne se souvient jamais d'elle . Quel destin !
Et Charlie chou quel que soit le ton mérite bien une standing ovation.
Et bien je suis allée vérifier sa filmo et je l'ai vue dans deux autres films, pas plus : Just like a Woman de Rachid Bouchareb (je me souviens surtout de Golshifteh Farahani - un joli film au demeurant) et American Sniper de Clint Eastwood. Et c'est tout. Et je ne l'avais pas du tout reconnue.
SupprimerCharlie, je l'ai vu la première fois dans son rôle de Jax Teller de la série Sons of Anarchy. Je crois que le seul truc qui m'est venu devait être un truc du genre : waouh ! Mais bon, le genre motard en cuir et tatouages, avec une si belle gueule que lui et de si beaux yeux, c'est plus fort que moi, je craque (oui, je sais, je ne fais pas dans la subtilité mais c'est comme ça). Ceci dit, il est bien plus qu'un physique, et je l'ai vraiment trouvé excellent dans ce film. Puis ce regard (et ce n'est pas qu'une question de couleur).
Le film est magnifique. Je n'écrirai pas de chronique car il y en a beaucoup, et plutôt louangeuses. Mais je vais lui rendre hommage jeudi d'une autre manière. Il est tellement loin de tout ce qu'on nous propose dans le cinéma actuel, souvent si démagogique, vulgaire, prétentieux parfois aussi. Je m'empresse de rajouter que certaines choses sont très bonnes. A bientôt.
RépondreSupprimerContente qu'il t'ai plu. Je le trouve magnifique également, mais j'apprécie beaucoup le genre, je ne pouvais donc que m'y retrouver :) Bonne idée de lui rendre un petit hommage d'une autre manière et je suis certaine que ce sera tout aussi bien.
SupprimerTout à fait d'accord avec toi. J'ai particulièrement beaucoup de mal avec la vulgarité, qui peut malheureusement emprunter de multiples chemins.
A bientôt !
Enfin vu... et ravie de l'avoir découvert en salles. J'ai clairement adoré et pour l'instant c'est le film que j'ai préféré au cinéma. J'avais peur de me faire chier mais pas du tout. Il traite très bien ses différents sujets, c'est vraiment bien interprété (Hunnam vraiment chapeau !) et l'histoire m'a énormément touchée notamment avec cette fin (qui aurait pu être lourdingue mais pas du tout).
RépondreSupprimerContente qu'il t'ai plu Tina ! Il tranche des films qu'on peut voir en ce moment au cinéma, effectivement hmhm.
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