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Affichage des articles du juillet, 2018

Bilan du moins de juillet 2018

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Films vus The Square (2017) de Ruben Östlund **** Une femme fantastique (Una mujer fantástica, 2017) de Sebastián Lelio *** Jusqu'à la Garde (2017) de Xavier Legrand *** Ava (2017) de Léa Mysius *** Volt  (2017) de Tarek Ehlail ** L'Apparition (2017) de Xavier Giannoli **** Ce qui  nous lie (2017) de Cédric Klapisch *** Zombillénium (2017) de Arthur de Pins et Alexis Ducord ** L'Autre rive (Gagma Napiri, 2009) de George Ovashvili **** Calvaire (2004) de Fabrice Du Welz ** Cure (1997) de Kiyoshi Kurosawa ** Maigret et l'affaire Saint-Fiacre (1959) de Jean Delannoy *** Les fraises sauvages (Smultronstallet, 1957) d'Ingmar Bergman **** Copie conforme (1947) de Jean Dréville **** De Mayerling à Sarajevo (1940) de Max Ophuls *** J'étais une aventurière (1939) de Raymond Bernard **** Quadrille ( 1938) de Sacha Guitry *** Les Nuits blanches de Saint-Pétersbourg (1937) de Jean Dréville *  Madame Bovary (19...

Clap de fin pour l'Actor's Studio

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Triste nouvelle pour les cinéphiles bruxellois, qui comme moi, ont toujours connu ce petit cinéma du centre-ville.  Une page se tourne. Les raisons qui ont poussé à la fermeture sont multiples. D'un côté il y a des raisons économiques : la fréquentation est devenue catastrophique au fil du temps. De plus, cet été, il y a eu la Coupe du Monde et une météo très clémente. Du coup les gens préfèrent rester en terrasse plutôt que de se rendre dans une salle de cinéma... Nous avons aussi connu des problèmes techniques car la chaleur influe sur tout ce qui est électronique et on avait un problème de ventilation dans la salle 3 qui nous faisait courir le risque d'interruption de projection. Mais le plus important, c'est le fait que l'hôtel qui est propriétaire des lieux nous a signifié qu'il fallait qu'on quitte les lieux car il envisage d'augmenter sa capacité d'hébergement ", poursuit Georges Jetter. Enfin, les évolutions de la ville ...

L'Atalante de Jean Vigo

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L'Atalante (1934) de Jean Vigo **** Avec Michel Simon, Dita Parlo, Jean Dasté Juliette (Dita Parlo), fille de paysans de l'Oise, quitte (fuit) son village au bras de son jeune époux, le marinier Jean (Jean Dasté).  Ils vont vivre à bord de L'Atalante, en compagnie d'un mousse et du matelot le père Jules (Michel Simon), inénarrable personnage qui vit au milieu de ses chats. Si le village était déjà minuscule pour une jeune femme qui rêve d'ailleurs, la péniche se révèle à son tour bien exiguë au fil de l'eau.  Lors d'une halte dans la capitale, elle rencontre un camelot chanteur qui lui promet "le grand soir".  La nuit, Juliette quitte le navire, seule et en cachette,  pour découvrir les promesses de cette fameuse Ville Lumière... Voici en quelques lignes l'histoire du film, qui nous parle tout simplement des difficultés d'un jeune couple à s'adapter l'un à l'autre.  C'est l'histoire d'une grande histoire ...

Le réalisateur George Ovashvili

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L'Autre rive (Gagma Napiri, 2009) de George Ovashvili  **** Avec Tedo Bekhauri, Galoba Gambaria, Nika Alajajev  Suite à l'effondrement de l'Union Soviétique, les géorgiens ne sont plus les bienvenus en Abkhazie, qui déclare son indépendance de la Géorgie en tant que République en 1992. Cette indépendance n’est toujours pas reconnue par la Géorgie. Le jeune Todo et sa mère, qui ont fuit les combats faisant rage dans la région, se sont réfugiés depuis plusieurs années à Tbilissi, la capitale.  Ils vivent dans un taudis, Todo ne va pas à l'école, travaille chez un garagiste et ramasse un peu d'argent en se livrant à de menus larcins,  pour dissuader sa mère de se prostituer.  Lorsqu'il la surprend avec un client au lit, il décide de quitter la ville et de passer le pont, zone frontière entre la Géorgie et l'Abkhazie, pour retrouver son père malade, et de ce fait resté dans la région depuis leur départ.  Un périple semé d'embûches ...

Le Septième Jour de Yu Hua

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« J'étais conscient de l'importance de ce jour : c'était le premier jour depuis ma mort.  » Yang Fei vient de mourir dans une explosion.  Il déambule dans un sorte d'entre-deux, errant dans un endroit où sont les morts sans sépulture. Sur le chemin de sa mémoire, il revient sur les fragments de son passé, tout en remontant le cours du temps à l'aide des personnes qu'ils l'ont marqué, d'une manière ou d'une autre, et qu'il croise sur sa route. Des morts qui ont tous été, d'une façon qu'ils leur appartiennent, victimes du monde moderne.  Car la société qu'a quittée Yang Fei est une société malade, violente, immorale, gangrenée par la recherche du profit à tout prix.  Une société qui s'effondre, comme en témoigneront ceux qu'il rencontre, revenant sur les circonstances de leur mort et qui sont autant de témoignages d'une société qui s'égare : destruction forcée des habitations, affaissement de terrain, dissimu...

Les fraises sauvages d'Ingmar Bergman

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Les fraises sauvages (Smultronstallet, 1957) d'Ingmar Bergman  **** Avec Victor Sjöstrom, Bibi Andersson, Ingrid Thulin   La veille de la cérémonie qui doit honorer et célébrer sa longue carrière de médecin, le professeur Isak Borg fait un rêve étrange où il est confronté à sa propre mort. Le lendemain, il décide de partir en voiture à l'université de Lund en compagnie de Marianne, sa belle-fille. Durant le trajet, le vieux professeur fait le bilan d'une vie gâchée par l'égoïsme. « Je suis mort, bien que je sois vivant. » On peut penser que Les fraises sauvages est le film de la maturité du réalisateur, avant de se rendre compte que Bergman n'avait que 39 ans à l'époque du tournage.  D'où vient ce sentiment ? Premièrement, ce film du "bilan d'une vie" semble condenser beaucoup de références personnelles, on ressent à quel point il y a du vécu derrière chaque questionnement, chaque expérience, chaque désillusion de la v...

Moisson de vieux films (2) : Jean Renoir, Raymond Bernard et Robert Bresson

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Madame Bovary (1934) de Jean Renoir  *** Avec Valentine Tessier, Max Dearly, Pierre Renoir Madame se marrie.  Madame s'ennuie.  Madame rêve.  Madame perd ses illusions. Madame déprime.   Quand il n'y a plus d'espoir, il n'y a qu'à mourir.  Madame meurt. Jean Renoir signe une adaptation fidèle du roman de Gustave Flaubert (j'en parle ici ).  Frivole, dépensière, superficielle, vaniteuse, égoïste, adultère, la vie semble décidément trop étroite pour cette femme romanesque, qui sera mal payé en retour lorsque l'heure d'honorer ses dettes adviendra. A proximité de cette femme fantasque, une étude sociologique des mœurs provinciales de la Normandie : paysans rustres, commerçants cupides, aristocrates sans le sou, petits bourgeois intrigants et arrivistes, homme d’église, tous sont dépeints sans complaisance et ne suscitent à aucun moment notre sympathie.  Valentine Tessier et Robert Le Vigan Les seconds rôles son...

Moisson de vieux films (1) : D.W. Griffith, Abel Gance et Jean Vigo

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Naissance d'une nation (The Birth of a Nation, 1915) de D.W. Griffith ***(*) Avec Nate Parker, Armie Hammer, Mark Boone Junior Extrêmement célèbre pour le génie du réalisateur et la démesure des reconstitutions historiques, mais également très controversé de par son discours raciste, ce film mérite-t-il sa réputation ? Et bien oui, tout à fait.  On est bluffé par cette superproduction, par la virtuosité du montage et de sa mise en scène (étonnamment moderne) et par sa première partie (la durée du film, découpé en deux chapitres, est de 190 minutes), qui se déroule à un rythme effréné et qu'on suit sans peine tant elle ne heurte guère notre sensibilité.  Certes, on tique sur la représentation de l'esclavage dans le Sud (la communauté noire semble être en colonie de vacances et ils s'amusent comme des petits diables pendant leur pause de deux heures sur le temps de midi, on croit rêver) mais on pardonne et on ferme les yeux sur cette vision simpliste, édulcorée e...

Le réalisateur Ingmar Bergman : 100 ans déjà

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Persona (1966) d'Ingmar Bergman « Ah, Bergman, pour te foutre le blues, c’est le chef d’escadrille. »   Le sourire de Claude Miller, avec  Jean-Pierre Marielle « Tant de fantômes, de démons, d'êtres surnaturels sans nom, ni lieu, m'ont entouré depuis mon enfance. »  « Oui, c'est vrai, j'ai de la tension, j'en ai depuis qu'il m'a fallu passer par une période d'humiliation et d'avilissement, les joues me brûlent et j'entends quelqu'un qui hurle, peut-être est-ce moi. » Le cri (détail) d'Edvard Munch « Fantômes, diables, démons, bons, méchants ou simplement contrariants. Ils m'ont soufflé au visage, bousculé, piqué avec des épingles, ils m'ont attrapé par le bout de mon chandail.  Ils m'ont parlé, sifflé, chuchoté : des voix claires, pas particulièrement intelligibles, mais impossibles à ignorer. » Extraits de Laterna Magica d'Ingmar Bergman Squelette arrêtant masques (1891) de Jame...