mardi 11 février 2014

Moderato Cantabile de Marguerite Duras

Quatrième de couverture

« Qu’est-ce que ça veut dire, moderato cantabile ?
– Je ne sais pas. »
Une leçon de piano, un enfant obstiné, une mère aimante, pas de plus simple expression de la vie tranquille d’une ville de province. Mais un cri soudain vient déchirer la trame, révélant sous la retenue de ce récit d’apparence classique une tension qui va croissant dans le silence jusqu’au paroxysme final.
« Quand même, dit Anne Desbardes, tu pourrais t’en souvenir une fois pour toutes. Moderato, ça veut dire modéré, et cantabile, ça veut dire chantant, c’est facile. »

Modéré et chantant, ce roman n’en a que le titre. L’obscurité du désir, la passion morbide, la mélancolie, la solitude et l’opacité de ce qui se joue entre Anne Desbaresdes, épouse du directeur d'Import Export et des Fonderies de la Côte, et Chauvin, ancien employé du mari, voilà surtout ce que nous y trouvons.

On a l’impression qu’il ne se passe rien, ou du moins pas grand-chose, et pourtant ce rien progresse par l’entremise d’un dialogue tendu comme une corde, une mise sous tension faite d’attentes, de fantasmes, de peurs, de mises en abîme, de désirs tellement inassouvis qu’ils en deviennent plus cuisants et intenses que jamais.

La publication aux Éditions de Minuit du très court roman Moderato Cantabile constitue une étape important dans l’œuvre de Marguerite Duras, de par la rupture de style et sa contribution à la célébrité de son auteur. L’écriture se fait moins narrative mais plus épurée, elliptique ; les dialogues sont languissants, la tension du désir est évoquée essentiellement par l’atmosphère trouble qui se dégage des dialogues implicites plutôt que par les actes des protagonistes. Tout n'est qu’ambiguïté et suggestions indirectes.

Moderato Cantabile remportera un grand succès à sa publication en 1958 et reste l'un des textes les plus lus et les plus traduits de Marguerite Duras.

« - Ce qu’il faudrait c’est habiter une ville sans arbres les arbres crient lorsqu’il y a du vent ici il y en a toujours toujours à l’exception de deux jours par an à votre place voyez-vous je m’en irais d’ici je n’y resterais pas tous les oiseaux ou presque sont des oiseaux de mer qu’on trouve crevés après les orages et quand l’orage cesse que les arbres ne crient plus on les entend crier eux sur la plage comme des égorgés ça empêche les enfants de dormir non moi je m’en irais. »


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