Extrait
Les dames sont treize :
La n°1 Invite,
La n°2 Surveille,
La n°3 Punit,
La n°4 Rend fou,
La n°5 Passionne,
La n°6 Maudit…
- La n°7 Empoisonne, récitait le vieux, tandis que l’enfant lisait, sans un seul murmure, sans une seule erreur. La n°8 Conjure… La n°9 Invoque… La n°10 Exécute… La n°11 Devine… La n°12 Connaît. – Il s’arrêta et sourit. Ce sont les dames. Elles sont treize, elles sont toujours treize, mais on n’en cite que douze, tu vois… ? Tu ne dois en mentionner que douze… Ne te risque jamais, même en rêve, à parler à la dernière… Pauvre de toi, si tu mentionnais la n°13… ! Tu crois que je mens ?
Les dames sont treize :
La n°1 Invite,
La n°2 Surveille,
La n°3 Punit,
La n°4 Rend fou,
La n°5 Passionne,
La n°6 Maudit…
- La n°7 Empoisonne, récitait le vieux, tandis que l’enfant lisait, sans un seul murmure, sans une seule erreur. La n°8 Conjure… La n°9 Invoque… La n°10 Exécute… La n°11 Devine… La n°12 Connaît. – Il s’arrêta et sourit. Ce sont les dames. Elles sont treize, elles sont toujours treize, mais on n’en cite que douze, tu vois… ? Tu ne dois en mentionner que douze… Ne te risque jamais, même en rêve, à parler à la dernière… Pauvre de toi, si tu mentionnais la n°13… ! Tu crois que je mens ?
Mon avis
Quel est le point commun entre un poète malheureux et une jeune
prostituée hongroise ? Un même cauchemar. Lorsque les médias s’emparent
du meurtre d’une riche propriétaire, que Salomon Rulfo et
Raquel reconnaissent comme celle qui habite leurs nuits, leurs pas
les mèneront chacun de leur côté à l’entrée d’un solennel portail
métallique d’une vaste propriété. Sur un rectangle en pierre
situé à côté du portail figurent ces quelques mots : « Lasciate Ogni
Speranza ». Il s’agit de l’un des vers que Dante plaça aux portes de
l’enfer : « Laissez toute espérance vous qui entrez ».
Curieux message de bienvenue qui n’empêchera pas nos visiteurs de
pénétrer clandestinement dans l’étrange demeure de la victime Lidia
Garetti entrevue dans les médias.
Ainsi débute ce roman qui mélange les genres : thriller, roman noir,
fantastique et même parfois un peu gore. Sans trop dévoiler la suite,
nos protagonistes seront lancés sur la piste de 13 Dames
qui inspirent depuis des siècles les plus grands poètes, certaines
d’entre elles étant même passées à la postérité : Laure, qui inspira
Pétrarque ; la dame brune de Shakespeare ; Béatrice, celle
de Dante. Mais qui sont-elles vraiment ? Des muses, des membres
d’une secte, des sorcières, des gorgones ? Quels que soient leurs noms,
elles sont avant tout des figures féminines puissantes et
perverses qui utilisent la puissance des vers comme des armes
destructrices et mortelles.
Le pouvoir des mots ! José Carlos Somoza, écrivain mais aussi
psychiatre, est bien placé pour saisir l’impact des traces que peuvent
laisser les mots entendus dans l’enfance ou sortis de la
bouche d’un parent, ami ou connaissance. Sous le couvert de la
sorcellerie, La dame n°13 nous livre une plaisante illustration de
l’utilisation du langage comme outil de pouvoir et de domination…
et ce ne sont pas les politiciens, les religieux, les psychologues ou
les philosophes qui le contrediront. Ni Aristote, qui considérait la
puissance des mots comme « la forme la plus subtile de la
violence ».
De José Carlos Somoza, à lire également (cliquez sur la couverture pour accéder au billet correspondant) :
Mon roman préféré à ce jour reste L'appât, un régal.
J'ai préféré Clara et la pénombre, plus complexe et tortueux, mais j'avais aimé tout de même ce titre, notamment pour ce mélange des genres que tu évoques.
RépondreSupprimerAh oui, Clara et la pénombre, je me souviens de l'avoir bien aimé également. José Carlos Somoza a quelque chose de particulier en ce qui me concerne, à savoir que je ne sais jamais, avant ma lecture, si je vais aimer ou pas son roman. En tout cas, ce n'est jamais gagné d'avance.
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