lundi 2 juin 2008

Illuminations et nuits blanches de Carson McCullers


« Le cœur de Carson était souvent solitaire et se montrait chasseur infatigable pour ceux à qui elle voulait l’offrir, mais une telle lumière irradiait de ce cœur qu’elle en effaçait les coins d’ombre. » 
 Tennessee Williams 


Ainsi commence la présentation de « Illuminations et nuits blanches », qui se divise essentiellement en trois chapitres.
 
Le premier chapitre revient sur son autobiographie inachevée, dictée quelques jours avant sa mort, en 1967. Le titre « Illuminations et nuits blanches » faisant référence à l’enchaînement de bonheurs et de souffrances qui ont marqué sa vie. Pourquoi cette autobiographie à l’approche de sa mort ?
 
« Les prochaines générations d’étudiants auront peut-être envie de savoir pourquoi j’ai fait telle ou telle chose, et j’ai envie de la savoir, moi aussi.  J’ai été reconnue comme un écrivain presque du jour au lendemain.  J’étais trop jeune pour comprendre ce qui m’arrivait et les responsabilités qu’entraînait cette reconnaissance.  J’en ai éprouvé une sorte d’effroi sacré qui, associé à mes maladies, m’a pratiquement détruite.  En me rappelant les conséquences que provoque le succès et en les racontant aux générations à venir, j’aiderai peut-être de futurs artistes à mieux le supporter. »
 
Carson décide donc de raconter sa vie avec ses mots à elle (on ne retrouvera donc pas dans cette autobiographie son talent et sa griffe en tant qu’écrivain qui ont fait sa renommée).
L’auteur de la préface, Carlos L. Dews, nous met toutefois en garde : il semblerait que Carson n’ait pas pu s’empêcher de formuler des distorsions et de fausses déclarations, donnant lieu à un texte d’une parfaite franchise et d’une surprenant inexactitude. « Elle savait d’instinct ce qui était trop important pour être romancé et ce qui laissait libre cours à son imagination. »
 
Le deuxième chapitre concerne la correspondance échangée avec Reeves, à cette époque divorcé de Carson. Après deux années d’absence et de silence, Reeves reprend contact avec elle peu après son engagement en tant que Rangers sur le front qui fait rage en Europe dans les années 44-45. Ces lettres sont le témoignage des liens étroits les unissant : Reeves y parle de son quotidien et de son amour pour Carson. S’amorcera ainsi petit à petit une réconciliation qui aboutira à un second mariage, peu concluant et aussi destructeur que le premier. Reeves se suicidera d’ailleurs quelques temps après cette seconde séparation.
 
Cette partie m’a le moins enthousiasmée ; échanges intimes où je n’avais pas ma place, impressions de voyeurisme, ennui aussi, j’ai rapidement délaissé ce chapitre pour passer au suivant.
 
Le troisième chapitre rassemble trois nouvelles inédites où elle exprime sa solidarité avec le peuple noir. Richard Wright disait qu’elle était le seul écrivain blanc à être capable d’écrire sur les Noirs.  Ces courtes nouvelles, les dernières que Carson aient écrites avant sa mort, étaient assurément ce qu’il y avait de mieux à lire concernant ce livre.
 
En conclusion, « Illuminations et nuits blanches » est destiné avant tout aux fans de l’auteure.
Le fait que son œuvre romanesque emprunte beaucoup à son vécu et ses expériences personnelles donne forcément envie d’en savoir plus sur sa vie, ses relations amoureuses, ses amis, ses dépendances… mais au fil de ma lecture, cette curiosité me semblait de plus en plus  superflue.  Je préfère avant tout découvrir Carson McCullers par le biais de ses romans et nouvelles. 

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