Bienvenidos
Nous sommes entrés dans ce pays comme des voleurs, sur cette terre qui fut nôtre. Ceux qui n'y étaient jamais venus ont enfin découvert la Terre promise dans la pénombre ; ceux qui en avaient été expulsés et y revenaient n'ont vu que l'ombre de cette promesse. Avant que le jour se lève sur ce désert exsangue qui s’étend des abysses les plus féroces du Pacifique aux crêtes silencieuses des sommets abrupts des monts San Gabriel, il règne un froid glacial, les frontières disparaissent, et, en moins de temps qu’il n’en faut pour claquer des doigts ou cligner de l’œil, nous courons, portés par le souffle gelé du matin jusque dans le feu des cuisines où nous préparons vos repas, valsant sur des kilomètres de carrelage pour nettoyer vos maisons, nous posant comme la rosée sur l’herbe hirsute pour tondre vos pelouses. Nous nous précipitons dans ce rêve américain, déterminés à nous défaire de tout ce que nous connaissons et aimons, qui nous encombrerait, en échange du moindre espoir de survie. C’est ainsi que nous apprenons à louvoyer. Je ne mesure pas la valeur de cette terre à ce que je possède mais à ce que j’ai perdu, parce que, plus on perd, plus on devient américain. […]
Ce que je ne pensais pas pouvoir perdre était ma place dans ce pays. Comment perdre ce qui ne nous a jamais appartenu ?
Waouh si ça ce n’est pas un début qui en jette ! Et si la suite n’est pas tout à fait du même tonneau, il n’en reste pas moins que Les madones d’Echo Park [The Madonnas of Echo Park] est un premier roman plutôt réussi.
Echo Park est un quartier de la ville de Los Angeles à majorité mexicaine, même s’il connait depuis quelques années une gentrification progressive. Les madones d’Echo Park est l’histoire de ce quartier à travers trois générations d’immigrés mexicains qui s’entremêlent, se croisent, s’entrechoquent, se cachent ou s’évitent dans ce roman choral où chaque protagoniste prend la parole le temps d’un chapitre.
Roman sur la communauté latino en mal d’identité mais surtout roman sur le rêve américain, avec ces espoirs, ces illusions mais aussi ces égarements et ces désenchantements ; celui des femmes de ménages, des membres de gangs et des petites filles qui s’identifient à Madonna, icône de la réussite sous ses appâts latino à l’époque de ses premiers clips passant en boucle sur MTV. Un bémol tout de même : si on distingue sans mal les différents protagonistes du récit, Brando Skyhorse n’a pas su leur donner un grain de voix propre à chacun d’eux.
Nous sommes entrés dans ce pays comme des voleurs, sur cette terre qui fut nôtre. Ceux qui n'y étaient jamais venus ont enfin découvert la Terre promise dans la pénombre ; ceux qui en avaient été expulsés et y revenaient n'ont vu que l'ombre de cette promesse. Avant que le jour se lève sur ce désert exsangue qui s’étend des abysses les plus féroces du Pacifique aux crêtes silencieuses des sommets abrupts des monts San Gabriel, il règne un froid glacial, les frontières disparaissent, et, en moins de temps qu’il n’en faut pour claquer des doigts ou cligner de l’œil, nous courons, portés par le souffle gelé du matin jusque dans le feu des cuisines où nous préparons vos repas, valsant sur des kilomètres de carrelage pour nettoyer vos maisons, nous posant comme la rosée sur l’herbe hirsute pour tondre vos pelouses. Nous nous précipitons dans ce rêve américain, déterminés à nous défaire de tout ce que nous connaissons et aimons, qui nous encombrerait, en échange du moindre espoir de survie. C’est ainsi que nous apprenons à louvoyer. Je ne mesure pas la valeur de cette terre à ce que je possède mais à ce que j’ai perdu, parce que, plus on perd, plus on devient américain. […]
Ce que je ne pensais pas pouvoir perdre était ma place dans ce pays. Comment perdre ce qui ne nous a jamais appartenu ?
Waouh si ça ce n’est pas un début qui en jette ! Et si la suite n’est pas tout à fait du même tonneau, il n’en reste pas moins que Les madones d’Echo Park [The Madonnas of Echo Park] est un premier roman plutôt réussi.
Echo Park est un quartier de la ville de Los Angeles à majorité mexicaine, même s’il connait depuis quelques années une gentrification progressive. Les madones d’Echo Park est l’histoire de ce quartier à travers trois générations d’immigrés mexicains qui s’entremêlent, se croisent, s’entrechoquent, se cachent ou s’évitent dans ce roman choral où chaque protagoniste prend la parole le temps d’un chapitre.
Roman sur la communauté latino en mal d’identité mais surtout roman sur le rêve américain, avec ces espoirs, ces illusions mais aussi ces égarements et ces désenchantements ; celui des femmes de ménages, des membres de gangs et des petites filles qui s’identifient à Madonna, icône de la réussite sous ses appâts latino à l’époque de ses premiers clips passant en boucle sur MTV. Un bémol tout de même : si on distingue sans mal les différents protagonistes du récit, Brando Skyhorse n’a pas su leur donner un grain de voix propre à chacun d’eux.
Un bon premier roman dans son ensemble, et un auteur prometteur à suivre de près !
Quelques mots sur l'auteur :
Brando Skyhorse est un jeune romancier américain. La préoccupation identitaire occupera sans nulle doute une place de choix dans son œuvre tant l’histoire personnelle de l’auteur y contribuera : fils d’un mexicain qui l’abandonnera à l’âge de trois ans, Brando grandira dans l’ignorance de ses origines et sera adopté par son beau-père, un indien impliqué dans les mouvements de revendications pour les droits des Amérindiens aux Etats-Unis. La découverte de ses véritables origines mexicaines jettera un trouble identitaire, tant il vaut mieux socialement se réclamer de la nation indienne que mexicaine en Amérique. Une histoire troublante qui nourrira certainement son prochain livre autobiographique Things my fathers taught me.
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