A
force de travailler au service des soins palliatifs d'un hôpital, Piroska,
infirmière obèse qui se goinfre de gâteaux à la crème, est à l’image de ses
patients : un corps en souffrance, complètement amorphe, vide, déjà sans vie,
comme pétrifiée dans sa chair. Si Piroska pose des gestes calmes, techniques et
répétitifs dans le cadre des soins quotidiens des malades en fin de vie, elle
le fait avec froideur et indifférence, semblable à une mécanique bien huilée
mais qui tourne à vide. Piroska est en exil, comme étrangère au monde qui
l’entoure et à elle-même, totalement déconnectée de ses émotions et sentiments.
Elle n’est plus qu’une coquille vide qui doit continuellement se remplir pour
avoir la sensation d’exister malgré tout. Une rencontre avec une patiente en
phase terminale va pourtant remuer un souvenir enfoui, celui d’une amie
d’enfance perdue de vue depuis longtemps. Commence un voyage en quête des
souvenirs du passé dans lequel les réminiscences volatiles et contradictoires
des uns et des autres offrent un kaléidoscope aux reflets infinis. Quelles
traces éphémères et fugaces laisserons-nous de notre passage sur terre ? Telle
est peut-être la trame lancinante de tout le film.
Un
film très intéressant, qui aborde des sujets forts comme la fin de vie,
l’identité, le passé reconstruit. Un monde froid, très mécanique, dans lequel
les bruitages se font la part belle : sonneries, escaliers roulants, métro,
percolateurs, défibrillateurs, fermetures automatiques des portes, écrans.
Quelques superbes plans dans les couloirs de l’hôpital, sur les pas pesants de
Piroska, au cimetière, dans les bois. Des trains miniatures et une maquette au
rez-de-chaussée plus vivants que le corps momifié étendu sur le lit à l’étage.
Et une scène de rupture qui restera gravée dans ma mémoire. Quelques scènes qui
pourraient presque être comiques si elles n’étaient pas teintées de noirceurs.
Un film étonnant qui va certainement encore me poursuivre quelque temps.
Réalisation : Ágnes Kocsis
Pays d'origine : Hongrie, Pays-Bas, Autriche, France
Durée : 136 minutes
Dates de sortie en France : 25 juillet 2012
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