La Turquie s’invite décidément dans mon quotidien ces dernières semaines : après l’excellente émission littéraire L’Europe des écrivains – la Turquie et le film Come To My Voice du réalisateur Hüseyin Karabey, j’avais envie d’aller à la rencontre de l’écrivain Kemal Yalçin.
Résidant en Allemagne depuis plus d’une trentaine d’années, je n’avais jamais entendu parler de cet auteur avant d’aller voir le reportage qui lui fut consacré dans le cadre du Festival Cinéma Méditerranéen. Un auteur que je ne connaissais pas, et pour cause, puisqu’il n’est pas encore traduit en français malgré le fait que son œuvre, riche de 25 romans, nouvelles et recueils de poèmes, soit déjà traduite dans plus de 10 langues.
Difficile de vous parler dans ces conditions de son œuvre, mais je pense avoir compris l’essence de l'écriture de Kemal Yalçin. Précurseur en tant qu’auteur d’un nouveau genre littéraire dans son pays d'origine, qui consiste à aborder l’histoire de son pays à travers le roman, l’autobiographie mais également en donnant la parole aux différentes voix turques, à travers ses rencontres et ses interview. Un hommage vibrant aux mémoires des peuples d'Anatolie mais également des exilés de la diaspora, dont il fait lui-même partie, suite au coup d’État militaire de 1980. Des personnes qui participent donc pleinement à l’élaboration de son écriture et que nous retrouverons dans le reportage, qui nous conteront leur histoire de vive-voix.
Il sera notamment question, à plusieurs reprises, de la question arménienne et de leur assimilation par la république de Kemal Atatürk. Une question qui sera plus que jamais d’actualité lorsque la communauté commémorera, en 2015, le centième anniversaire du génocide. Pour rappel, ce génocide fut planifié et exécuté par les dirigeants de l’Empire Ottoman et aura coûté la vie à un million deux cent mille Arméniens d'Anatolie et du haut-plateau arménien.
Tout en reconnaissant les revendications légitimes des nombreuses communautés minoritaires de la Turquie, à qui Kemal Yalçin donne la parole en tant qu’écrivain, l’auteur aspire avant tout à une vision commune de la question humaine, dépassant les clivages dans un esprit de fraternité et du vivre ensemble. Pour ne plus vivre dans la crainte de l’oppression nationale ou du sectarisme religieux.
La communauté turque de Belgique a en tout cas fait honneur à Kemal Yalçin, en venant nombreux pour assister à la projection du reportage et rencontrer l’écrivain, présent avec le réalisateur du documentaire. Un reportage qui s'est terminé sous les applaudissements du public.
Un mot sur le réalisateur Süleyman Özdemir : né en 1962 dans les hauteurs de Emirdag, il migre à Bruxelles en 1976. Véritable encyclopédie du cinéma turc, il ouvre en 1983 le seul vidéo-club turc encore en activité en Belgique : Hasret Video. Süleyman Özdemir est un des derniers collectionneurs européens à posséder un si grand répertoire de films turcs dont les plus anciens remontent aux années 40, et joue à ce titre un rôle culturel important dans la communauté turcophone de Belgique. Il se fait que ce vidéo-club se trouve près de chez moi et que je suis un jour tombée dessus tout à fait par hasard, très étonnée de trouver encore ce type de magasin, puisqu'ils ont presque tous fermé leur porte. Mais quand j'ai vu qu'il était consacré exclusivement aux films turcs, je me suis dit qu'il avait bien trouvé son créneau, unique à Bruxelles. Bonne continuation Süleyman Özdemir et vive le cinéma turc ! Et pour en savoir plus, c'est ici qu'on en parle.
Un mot sur le réalisateur Süleyman Özdemir : né en 1962 dans les hauteurs de Emirdag, il migre à Bruxelles en 1976. Véritable encyclopédie du cinéma turc, il ouvre en 1983 le seul vidéo-club turc encore en activité en Belgique : Hasret Video. Süleyman Özdemir est un des derniers collectionneurs européens à posséder un si grand répertoire de films turcs dont les plus anciens remontent aux années 40, et joue à ce titre un rôle culturel important dans la communauté turcophone de Belgique. Il se fait que ce vidéo-club se trouve près de chez moi et que je suis un jour tombée dessus tout à fait par hasard, très étonnée de trouver encore ce type de magasin, puisqu'ils ont presque tous fermé leur porte. Mais quand j'ai vu qu'il était consacré exclusivement aux films turcs, je me suis dit qu'il avait bien trouvé son créneau, unique à Bruxelles. Bonne continuation Süleyman Özdemir et vive le cinéma turc ! Et pour en savoir plus, c'est ici qu'on en parle.
Ce reportage, de 52 minutes, fut suivi d’un court concert donné par un musicien turc d’origine arménienne, dont j’ai malheureusement oublié le nom mais qui doit être ce qu’on appelle un ashiq, une sorte de barde à la fois poète, compositeur, chanteur et joueur de saz (luth à manche long). Encore une très agréable découverte.
Le coeur et la plume, portrait de Kemal Yalçin
Réalisation : Süleyman Özdemir
Production : Umay Productions, Arda Productions
Contact : Mustafa Balci
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