mercredi 10 décembre 2014

Qui vive de Marianne Tardieu


Chérif est un homme d’une trentaine d’années qui est retourné vivre chez ses parents et qui doit présenter, pour la quatrième fois, le concours d'infirmier. En attendant de pouvoir commencer ses études, il travaille comme vigile dans un centre commercial où une bande de jeunes le harcèlent régulièrement. Chérif est un homme fragilisé qui se trouve à un moment charnière de sa vie et que son manque de confiance en soi rend extrêmement vulnérable à ce type de provocation. Un homme qui désire s’émanciper de sa condition sociale mais qui replonge sous l’emprise de la cité lorsqu’il voudra se débarrasser de ces jeunes, acceptant en échange de rencarder son ami d’enfance sur les livraisons du magasin.

Il s’agit du premier long métrage de Marianne Tardieu, qui fut d’abord assistante et chef réalisatrice avant de passer pour la première fois à la réalisation. Sur un thème on ne peut plus casse-gueule : la cité. Pourquoi casse-gueule ? Tout simplement parce qu’il donne souvent lieu à de nombreuses simplifications, clichés ou pire, à une espèce d'esthétisation des jeunes, qui me filent rapidement de l’urticaire. Et voilà que débarque Marianne Tardieu, qui connait visiblement très bien son sujet pour l’avoir traité aussi finement qu’intelligemment. Dire qu’il est presque passé inaperçu en France et qu'on l’attend toujours en Belgique, bien qu'il ne sortira probablement jamais sur nos grands écrans, en dehors des festivals.

Qui vive est un film d’une belle sensibilité et d’une grande justesse, qui privilégie le côté naturaliste même si la fiction prend toujours le dessus, particulièrement dans la deuxième partie du film, plus policière, contrairement à la première partie, qui situe essentiellement le personnage dans son environnement quotidien.

Mais je ne tiens pas non plus à donner trop dans la louange, d’abord parce vous risqueriez inévitablement d’être déçu si vous placez d’emblée la barre trop haut, et ensuite parce que ce premier film n’est tout simplement pas exempt de défauts : quelques faiblesses du scénario, une fin trop abrupte et des seconds rôles sacrifiés au profit de l’acteur principal, sur lequel repose principalement le film. A ce propos, j’avais déjà entendu parler en termes très élogieux de l’acteur Reda Kateb et je dois dire qu’il est à la hauteur de sa réputation. Non pas qu'il soit absolument génial à chaque plan mais sa justesse, sa sensibilité, son intériorité et sa densité sont indéniables. Un acteur qui pourrait devenir en quelques années une des valeurs sûres du cinéma français, et que je vais d’ailleurs retrouver très prochainement avec le film Loin des hommes de David Oelhoffen. La présence de l’actrice Adèle Exarchopoulos est également incontestable mais son rôle n’est malheureusement pas assez étoffé pour exploiter totalement ses potentialités.

Quoi qu’il en soit, voilà un premier film très prometteur d'une jeune réalisatrice qui a su éviter les écueils du film de banlieue et qui mérite bien toute notre attention dans le futur.

Ce film a été vu dans le cadre de Festival Cinéma Méditerranéen.



Titre : Qui vive
Réalisateur : Marianne Tardieu
Acteurs : Reda Kateb, Adèle Exarchopoulos, Rashid Debbouze
Nationalité : Français
Genre : Drame
Date de sortie en France : 12 novembre 2014
Durée : 1h23min

D'autres films du Festival Cinéma Méditerranéen à découvrir également :

•   Circles de Srdan Golubovic
•   Halima’s Path de Arsen Anton Ostojic
•   Loin des hommes de David Oelhoffen

4 commentaires:

  1. Bonsoir Sentinelle :)

    J'ai eu envie d'aller voir ce film, mais je n'ai pas beaucoup de temps et je ne suis pas sûr que j'aurais l'occasion de le découvrir en salles. Si ce n'est pas le cas, il faudra que je surveille une éventuelle sortie DVD.

    Le peu que je connais de Reda Kateb me rend ce jeune acteur sympathique. J'ai lu dernièrement une longue interview de lui: j'ai senti que ce n'était pas un gars ordinaire, il avait l'air très réfléchi sur son métier, sans la moindre trace d'arrogance.

    Adèle Exarchopoulos, j'ai envie de voir comment elle évolue, aussi, après ce rôle si marquant d'Adèle "tout-court". C'est un diamant brut, cette fille. J'espère qu'elle va faire une belle carrière. Sur ce qu'elle a montré avec la Palme d'or, elle mérite largement qu'on s'intéresse à elle. En espérant qu'on lui offre des rôles qui lui permettront d'autres facettes de son talent.

    Bon... si j'attrape "Qui vive", j'essayerai de penser à revenir faire un tour ici ;-)

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    1. Bonjour Martin,

      Je n'ai pas beaucoup d'info sur Reda Kateb mais j'aurais bien aimé lire également cette longue interview. Avec un peu de chance, il sera présent vendredi à la clôture du Festival Cinéma Méditerranéen, pour présenter en avant-première son film Loin des hommes du réalisateur David Oelhoffen. Je croise les doigts !

      Adèle Exarchopoulo a effectivement tout du diamant brut mais elle est si jeune aussi, j'espère qu'elle fera de bons choix et qu'elle saura se préserver également.

      A bientôt Martin :-)

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  2. Vu 3 films avec Reda Kateb en 3 jours, Loin des hommes ( sobre & contemplatif au milieu de nulle part dans l'Atlas algérien ), Hippocrate ( pas très novateur sur la réalité hospitalière ) & donc Qui vive, bon film qui ne rencontrera pas à l'évidence le public qu'il mériterait.
    Pour en revenir à Kated, je l'ai trouvé très convaincant dans les 3, acteur à suivre.

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    1. Hippocrate est le film qui m'a le moins convaincue des trois également. Mais rien à redire sur l'acteur Reda Kateb, et je suis ravie que tu partages mon enthousiasme à son propos :-)

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