Synopsis
Fitzcarraldo raconte l’épopée de Brian Sweeney Fitzgerald, un aventurier mélomane du début du XXe siècle qui rêve de construire un opéra dans la forêt amazonienne pour y amener un des plus grands ténors de tous les temps, Enrico Caruso.
Fitzcarraldo raconte l’épopée de Brian Sweeney Fitzgerald, un aventurier mélomane du début du XXe siècle qui rêve de construire un opéra dans la forêt amazonienne pour y amener un des plus grands ténors de tous les temps, Enrico Caruso.
Les mises en abyme du scénario sautent aux yeux très rapidement : Fitzcarraldo, un mélomane mégalomane obligé de se frotter à ses contemporains (enrichis par le commerce de caoutchouc) pour trouver des subsides, fait immanquablement penser au réalisateur Werner Herzog, obligé de trouver des producteurs pour financer ses œuvres. Deux mondes qui s’affrontent et qui n’ont rien à voir ensemble, et qui pourtant se nourrissent l’un de l’autre : d’un côté le réalisme et le matérialisme de vulgaires mécènes et de l’autre la folie des grandeurs et l’imagination au pouvoir de ces hommes de foi. Oui, je dis bien hommes de foi, car tous les Fitzcarraldo/Werner Herzog du monde ont besoin de ce feu sacré pour aller au bout de leur ambition. Ce sont des fous rêveurs capables de déplacer des montagnes et d’amener les hommes dans leur folle entreprise, baladins du monde à la poursuite de chimères, bouffons qui se doivent à leur public, même si composés uniquement de cochons des marais mal dégrossis. Et quel meilleur public pourraient-ils trouver que ces indiens Jivaros, pour qui la réalité n’est qu’illusion, la vraie vie prenant racine dans l’imaginaire ? Comme dans un opéra ! , s’écrie Fitzcarraldo.
Vous l’aurez compris, nous sommes tour à tour dans la démesure, la poursuite des rêves chimériques, le baroque et le dantesque. A l’image du tournage qui s’introduit dans la trame du récit, tel un making-of hallucinant lorsqu’il s’agit de faire traverser le bateau à travers la colline.
Lorsque la folie des hommes transcende la réalité, non par la grâce divine mais par le travail acharné pour dompter les éléments hostiles d’une nature mortifère et étouffante, qui finit toujours par être la plus forte. Prédominance de l’art et de l'imaginaire, mégalomanie, folie des hommes, contagion, dépassement de soi, sacrifices et démesures.
Je retiendrai aussi quelques images fortes comme celle du bateau à la dérive qui manque de se briser dans les rapides, le long voyage sur le fleuve Amazone, la crainte palpable des coupeurs de tête, la voix de Caruso qui fait taire les tambours menaçant des Jivaros (plus exactement des Shuars) cachés dans la Jungle, la rencontre des indiens et de Fitzcarraldo, joué remarquablement par Klaus Kinski, le fidèle tourmenteur de Werner Herzog ("tous mes cheveux blancs viennent de Klaus Kinski" nous dira-t-il dans Ennemis intimes (Mein Liebster Feind). "Mais il me manque. Parfois".)
Des créateurs à l’image de Dieu qui n’en ont jamais terminé avec leur création. Sans oublier une certaine humilité : il s’agit aussi d’accepter l’inachevé et l’incomplétude, l’inadéquation entre les rêves et la réalité. Comme dans cette légende indienne qui ouvre le film : Dieu ne redescendra sur terre que lorsque tous les hommes auront disparu. Ce n’est qu’à ce moment là qu’il terminera son œuvre, pas avant.
Lorsque l'inutile et l'accessoire deviennent essentiels et nécessaires. Comme un défi au monde. Peut-être l'ultime conquête ?
Réalisateur : Werner Herzog
Acteurs : Klaus Kinski, Claudia Cardinale
Origine : Allemagne
Genre : Comédie dramatique
Public : Tout public
Année de production : 1981
Durée: 2h34
Voilà un film dont je n'ai aucun souvenir ; je me demande même s'il est sorti en France? et comme K KINSKI n'a jamais été un de mes acteurs qui me faisait me précipiter et encore moins depuis les détails sur sa vie privée je n'ai aucun remord mais je salue ton courage et ta connaissance
RépondreSupprimerpour ce cinéma de création
J'ai regardé ce film avec beaucoup de plaisir et je n'ai jamais eu le sentiment d'avoir dû me forcer pour l'apprécier, que du contraire. Je n'ai pas trop connaissance de la vie privée de Klaus Kinski, disons que je n'aurais certainement pas voulu l'avoir dans mon entourage proche, quand on pense à son hystérie, son égocentrisme et ses colères légendaires. L'adjectif monstrueux lui convient à merveille. Mais il faut reconnaître qu'il joue très bien ce personnage... à sa démesure j'ai envie de dire.
SupprimerClaudia Cardinale au générique ! ( on peut pas dire qu'elle squatte l'écran tellement on la voit peu ) ;-)
RépondreSupprimerPour le reste c'est un film de barges ( l'équipe de tournage a réellement fait monter le bateau sur la dite coline ) & Kinski y est tout aussi hallucinant que dans Aguirre.
Herzog au sommet de la colline ou de son art c'est comme on veut.
Et oui, Claudia Cardinale est plutôt bien placée au générique du film alors qu'elle apparait à peine, c'est assez comique finalement. Mais que veux-tu, elle devait déjà être une grande star à l'époque ! Ce film est effectivement complètement barré, les séquences du bateau sur la colline sont incroyables et Kinski est totalement habité par son personnage. Je ne sais plus combien de films j'ai vus de Werner Herzog mais celui-ci est incontestablement mon préféré. Mais je suis loin de les avoir tous vus, je m'y mettrai un jour plus sérieusement, d'autant plus qu'il me semble qu'un coffret vient de sortir récemment.
SupprimerTrès jolie chronique, qui rend un hommage mérité à ce grand film. Ce que j'admire particulièrement ici, c'est le fait que Herzog ne se soit pas contenté d'une ellipse pour laisser croire au bateau qui traverse la montagne...
RépondreSupprimerJe préfère ne rien dire de plus pour ne pas gâcher la surprise de tes lecteurs qui ne l'auraient pas vu.
Ces séquences sont vraiment incroyables, comme quoi il faut être un peu fou pour se lancer dans une aventure pareille !
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