lundi 1 décembre 2014

Le grand cahier d'Agota Kristof


Quatrième de couverture 

Klaus et Lucas sont jumeaux. La ville est en guerre, et ils sont envoyés à la campagne, chez leur grand-mère. Une grand-mère affreuse, sale et méchante, qui leur mènera la vie dure. Pour faire face aux atrocités qui les entourent, Klaus et Lucas vont entreprendre seuls une étrange éducation. Dans un style enfantin et cruel, chaque événement de leur existence sera consigné dans un "grand cahier".


Mon avis

Je n’ai pas aimé ce premier tome de la trilogie des jumeaux d’Agota Kristof : trop froid, trop malsain, trop tranchant, trop univoque, trop noir, trop répétitif dans le motif.

Et pour démontrer quoi ? Qu'un environnement perverti ne peut que corrompre et engendrer ses propres monstres. Oui enfin bon, disons que j’aurai préféré un peu plus de subtilité dans le propos, pour un roman qui ne fait qu'enchaîner des scènes gratuites et provocatrices (zoophilie, pédophilie, ondinisme, nymphomanie, sado-masochisme) sur un ton froid et désincarné.  J'allais ajouter qu'il  ne manquait plus que quelques scènes scatologiques pour faire le tour mais après réflexion, l'auteur ne les a pas oubliées non plus.

Un roman qui lorgne du côté de la parabole ou de l'allégorie du mal mais que  j'ai surtout trouvé totalement dénué de psychologie et fondamentalement misanthrope, les personnages (totalement désincarnés) ne servant qu’à la démonstration du propos, à travers un étalage de vices pour lequel j'ai la plus grande circonspection. Le genre de roman que je déteste et qui n'est que sordide de bout en bout. Mais ce n’est que mon humble avis puisque l’auteur a rencontré un certain succès avec cette trilogie. Histoire de contrebalancer d'ailleurs mon commentaire, je cite l’Express : « Un roman magnifique sur le déracinement, la séparation, l’identité perdue et les destins brisés dans l’étau totalitaire. » Bref, à vous de voir, si le cœur vous en dit. Quoi qu'il en soit, je laisse tomber ici la trilogie tant j'ai déjà eu bien du mal à terminer ce premier tome, l'amoralité de la plupart des situations et la psychopathie des jumeaux ne me fascinant guère. D'autant plus que les atrocités n'allaient que crescendo, avec une fin d'un cynisme incroyable. Mais je reconnais à l'auteur  une écriture minimaliste percutante et d'une grande force de démonstration.

Vu mon manque d'enthousiasme pour le roman, je n'ai aucune envie de voir son adaptation, à savoir le film Le grand cahier de Janos Szasz, sorti en septembre 2014.  A la place et sur un thème similaire, la perte de l’innocence et l'enfance sacrifiée dans un contexte de guerre, je ne peux que vous conseiller le premier film d’Andreï Tarkovski, qui s'intitule L'Enfance d'Ivan. Autrement plus subtil et intéressant, nous sommes tout de suite dans une autre catégorie. Un réalisateur qui peut aborder la guerre et ses conséquences sans ostentations ni provocations gratuites, tout en ne se départissant jamais de son humanité. Cela n'a l'air de rien mais pour moi, c'est tout simplement essentiel.

 Le grand cahier d'Agota Kristof, Éditions Points, mars 2014, 168 pages.


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