Après Séraphine de Senlis, le réalisateur Martin Provost revient sur le parcours chaotique d’une femme cabossée par la vie : Violette Leduc. En abordant principalement ses années d’écriture, jalonnées d’angoisse, de solitude, de désillusion, d’attente mais aussi d’espérance. Si Violette tombe souvent amoureuse de ses amis homosexuels, ce sera sa rencontre avec Simone de Beauvoir qui la marquera au fer rouge. Mais si cette dernière ne répond pas à ses débordements d'affection, Simone tient en grande estime cette jeune femme au talent évident mais au cœur trop ardent. Car Violette est une femme hypersensible, insatiable et torturée : née bâtarde d’une mère peu affectueuse, qu’elle adorera haïr mais dont elle ne pourra jamais s'en séparer, elle ne cessera de quémander, de crier, de pleurer, de rugir, de se faire entendre, encore et toujours. Avant de plonger dans des moments de grandes solitudes, là où l’écriture a enfin toute sa place.
Certains ont reproché au réalisateur sa mise en scène trop classique pour un personnage aussi sulfureux que Violette. J’ai quant à moi beaucoup apprécié le fait qu'il aborde finement ces aspects à travers l'élaboration de son écriture, qui sont autant de témoignages courageux et d'une totale franchise (jugés scandaleux à l'époque) sur sa vie de femme, évoquant son enfance, ses relations avec sa mère, ses premiers amours saphiques mais également son avortement tardif, son mariage raté ou encore son amour éperdu pour Simone de Beauvoir. Il parvient également à filmer les paysages et les intérieurs avec une grande sensibilité, avec cette impression parfois de me retrouver dans une toile d’Edward Hopper, particulièrement dans les scènes qui accompagnent l’écriture de Violette dans son petit appartement.
Simone de Beauvoir aura eu raison de soutenir toute sa vie Violette Leduc, qui connaîtra enfin le succès, à 57 ans, avec La Bâtarde. Un succès peut-être tardif mais qui ne se démentira plus jusqu'à la fin de sa vie.
« Mon cas n’est pas unique : j’ai peur de mourir et je suis navrée d’être au monde. Je n’ai pas travaillé, je n’ai pas étudié. J’ai pleuré, j’ai crié. Les larmes et les cris m’ont pris beaucoup de temps. […] Je m’en irai comme je suis arrivée. Intacte, chargée de mes défauts qui m’ont torturée. J’aurais voulu naître statue, je suis une limace sous mon fumier. »
Extrait de La Bâtarde de Violette Leduc
Un film qui m'a séduite, excellemment porté par deux merveilleuses actrices, et dans lequel j'ai découvert un auteur que je ne connaissais pas. Une sorte de pionnière de l'autofiction, un genre depuis très prisé en France.
Un film qui m'a séduite, excellemment porté par deux merveilleuses actrices, et dans lequel j'ai découvert un auteur que je ne connaissais pas. Une sorte de pionnière de l'autofiction, un genre depuis très prisé en France.
L'avis de Dasola.
Réalisateur : Martin Provost
Acteurs : Emmanuelle Devos, Sandrine Kiberlain, Olivier Gourmet, Catherine Hiegel, Jacques Bonnaffé
Origine : France
Genre : Biopic
Année de production: 2013
Date de sortie: 06/11/2013
Durée: 2h19
Hello Sentinelle :)
RépondreSupprimerJe l'avais raté au cinéma. Sur la confiance que j'accorde au trio principal (Kiberlain/Devos/Gourmet), je pense que je le regarderai si je le vois passer à la télé. Merci pour ta chronique.
Et bon samedi !
Je pense que tu devrais t'y retrouver sans peine. Et bon dimanche Martin ! :-)
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