Sous X.
C'est ainsi que cela s'appelle.
Comme le porno.
Été 1998. Deux jeunes adolescents aux parents défaillants, Lyla et Joris, se rencontrent en vacances sur la côte atlantique.
Lyla a seize ans lorsqu'elle tombe enceinte. Dix-sept ans lorsqu'elle accouche sous X.
Retour au présent. Lyla a 34 ans. Célibataire, casanière, solitaire. Jusqu’au jour où un étrange message la renvoie brusquement dix-sept ans en arrière…
Ce roman est construit sur une alternance de chapitre entre le passé et le présent, entre Lyla et Joris, pour mieux cerner les conséquences d'un rendez-vous manqué
suite à un douloureux malentendu. La mère et son absence, voilà ce qui relie les protagonistes principaux de cette histoire, avec toute la difficulté de se construire
en creux, quand la mère a disparu ou au contraire quand elle est trop présente mais nocive et égoïste. Sommes-nous condamnés à reproduire ce que nous avons vécu ?
Peut-être pas. Il est bien question de manquement, de honte, de culpabilité, de cicatrice mais aussi de résilience et de réconciliation.
J'ai retrouvé le ton incisif et direct de Delphine Bertholon, que j'avais tellement apprécié lors de ma lecture de son précédent roman, intitulé Les corps inutiles (que je
recommande vraiment). Je la trouve très juste dans son approche de la psychologie féminine, qu'elle aborde sans fard et avec une certaine témérité, tout en enveloppant
ses personnages fêlés d'un nuage d'empathie qui nous les rend proches et attachants.
Néanmoins, je suis moins enthousiaste à la lecture de ce dernier roman, des lourdeurs ou fautes de style entravant le récit.
J'ai noté à plusieurs reprises des phrases martelées en fin de paragraphe comme des sentences qui manquaient de finesse
("La mémoire n'a pas de sens", "Paris ne sera plus jamais Paris", "Il y a tellement de gens qui meurent de leur vivant").
Plusieurs références culturelles émaillent le récit alors qu'elle n'en fait pas grand chose. Je les ai vues comme des tentatives de connivence avec le lecteur dont je
ne suis pas friande (elle cite, en courant d'air, des réalisateurs comme Gregg Araki, Larry Clark ou David Cronenberg, des groupes comme Radiohead ou des auteurs
comme Bukowski ou Murakami). Plus exceptionnellement, j'ai relevé certaines phrases ampoulées qui, selon moi, n'ont pas leur place chez cette auteure ("L'avenir est un coquillage de dessin animé, immense, nacré, dans lequel des perles scintillantes enflent et se multiplient"). Le roman a du mal également à trouver le bon tempo, tant j'ai eu l'impression qu'il s'étirait parfois un peu longuement tout au long du récit, puis se précipiter sur la fin.
De quoi amoindrir mon plaisir de lectrice. Ceci dit, j'ai l'impression de ne pas rendre justice à Delphine Bertholon, dans la mesure où j'ai le sentiment d'être en présence d'une jeune auteure qui pourrait avoir de l'importance
dans les années à venir. J'aime ses thématiques et son approche frontale, je pense qu'elle trouve le plus souvent le ton juste, avec un petit côté féministe qui me plait bien.
Disons que quelques tics m'ont ennuyée dans ce roman (à ce propos, je n'aime pas le titre, qui annonce en quelque sorte les défauts qui m'ont gênée), alors qu'il n'en fut pas de même avec son précédent, que j'avais trouvé excellent.
Mais le fait d'être moins emballée ce coup-ci ne m'empêchera aucunement de lire ses précédents romans (j'ai du retard à rattraper).
Extraits
Certains jours, je m’attends des heures et ne me rejoins jamais ; je me pose un lapin, traître de moi-même.
(...)
Toujours aux femmes d'interdire, de vérifier, d'être sérieuses. Toujours ! Quoi qu'on en pense, l'insouciance des filles n'est pas celle des garçons. Quoi qu'on en
pense, nous ne serons jamais égaux.
(...)
Dans cette relation, il y avait tout sauf moi.
Coeur-naufrage de Delphine Bertholon, J.-C. LATTÈS, mars 2017
Oula la tu n'as pas à t'excuser, les extraits que tu cites sont vraiment lourdingues. Une rédaction de cm2 pour épater la prof :-)
RépondreSupprimer:-)
SupprimerA force de lire des billets très positifs, je me suis demandée si ça venait de moi. Je ne partage pas en tout cas l'enthousiasme général.
Oui ça me fait ça parfois et je me demande où les critiques vont chercher l'enthousiasme général.
RépondreSupprimerPar exemple pour le film Une vie violente que j'ai trouvé complètement raté incompréhensible mal interprété et tout le monde crie au génie.
Oui, j'ai lu ta critique. Je ne sais même pas si ce film passe(ra) sur nos grands écrans, mais je n'avais déjà pas l'intention de le voir à la base. Et tu ne m'encourages pas à réviser mon absence d'envie de le voir ;-)
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