mercredi 18 mars 2015

La gaieté de Justine Levy

« C'est quand je suis tombée enceinte que j'ai décidé d'arrêter d'être triste, définitivement, et par tous les moyens. » 

Quatrième roman de Justine Lévy, tous à haute concentration autobiographique, mais première incursion dans son œuvre en ce qui me concerne. Je n’avais pas vraiment éprouvé jusqu’à présent de l’intérêt à me plonger  dans la vie de cette jeune femme,  mais son envie d’arrêter d’être triste à la naissance de ses enfants m’a interpellée, tant je trouvais la démarche intéressante, intelligente et peut-être même salvatrice. 

Si quelques anecdotes assez amusantes sur la maternité et les angoisses qu’elle suscite sont bien présentes, Justine Lévy a visiblement beaucoup de mal à donner une place conséquente dans ce roman à ses enfants ou à sa manière d’être mère,  tant la presque totalité du récit s'articule principalement autour de sa personne et de son enfance meurtrie par les défaillances de sa propre mère, sans oublier la jalousie et la méchanceté de ses multiples belles-mères.

Malgré un contexte assez dramatique, douloureux et traumatisant, le ton reste tout de même très alerte et agréable à lire, même si l’ensemble finit par faire du sur place. Que me reste-t-il de cette lecture ? L’impression d’être face à une femme qui se cherche encore beaucoup, qui n’a sans doute pas vraiment réglé ses comptes avec son enfance mais qui assume assez bien ses névroses pour peu qu’elle puisse compter sur la présence indéfectible de son célèbre père et de son époux. Alors oui, on peut décider d’arrêter d’être triste pour éviter au maximum de transmettre ses failles et ses faiblesses à sa progéniture mais la démarche semble bien incertaine et un peu prématurée. Comme on dit dans ces cas-là, c’est finalement l’intention qui compte. 


La gaieté de Justine Levy, Éditions Stock, janvier 2015, 216 pages.

2 commentaires:

  1. Est-ce que ça veut dire que nous les hommes ont est condamnés à être triste ? :(

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  2. Dis comme cela, c'est effectivement un peu triste mais oui, je pense qu'il est effectivement totalement illusoire de ne plus jamais être triste. Mais on ne va pas se plaindre non plus d'être des êtres sensibles hein, cela nous permet aussi de connaître quelques moments de bonheur et même de plénitude. Disons que l'un ne va pas sans l'autre, il faut tout prendre ;-)

    Pour en revenir à Justine Levy, son intention est tout à fait louable, même si elle n'est pas dupe en ayant tout à fait conscience qu'on transmet quand même plein de choses sans le vouloir. Mais être attentive à ne pas vouloir répéter certaines blessures est déjà un bon début.

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