lundi 7 avril 2008

Essais sur l'histoire de la mort en Occident : Du Moyen Âge à nos jours de Philippe Ariès

Extrait

Aujourd'hui, il ne reste rien, ni de la notion que chacun a ou doit avoir que sa fin est proche, ni du caractère de solennité publique qu'avait le moment de la mort. Ce qui devait être connu est désormais caché. Ce qui devait être solennel est escamoté.



Mon avis

Pendant des millénaires, l'homme a été le souverain de sa propre mort et des circonstances qui l'entouraient. L'homme sentait sa mort prochaine, ce qui lui permettait de la présider. De ce fait, l'approche de la mort transformait la chambre du moribond en un lieu public, dans lequel le mourant tenait le premier rôle. Il présidait et savait comment se tenir : il appelait un à un ses parents, ses familiers, leur disait adieu, leur demandait pardon, leur donnait sa bénédiction, donnait des ordres, faisait des recommandations.

Notre façon d'appréhender la mort a fortement évolué au cours du temps. Philippe Ariès analyse nos différentes attitudes devant la mort du Moyen Âge à nos jours. Autrefois figure familière, comment la mort a-t-elle pu se transformer en sujet tabou dans nos sociétés occidentales, au point que l'homme se voit dépossédé de sa propre mort ? Comment pouvons-nous vivre notre deuil lorsque le simple fait d'afficher sa peine en société peut être perçu comme indécent ? Comment sommes-nous passés de la mort familière à la mort refoulée, maudite, interdite ?

Essais sur l'histoire de la mort en Occident est un des ouvrages que Joan Didion cite à plusieurs reprises dans son livre L'année de la pensée magique. Mon seul regret est que ce livre ait été écrit en 1977. Qu'en est-il aujourd'hui ? Quelles évolutions avons-nous connues depuis trente ans dans l'approche individuelle et rituelle de la mort ? Quid de l'euthanasie ? A compléter donc...


Quatrième de couverture

L'ouvrage commence à l'époque du Moyen Âge, au temps de la "mort apprivoisée", où aucune crainte n'accompagnait son spectacle chez les vivants et où le cimetière servait souvent de lieu de sociabilité, de danse et de commerce. Puis, l'art et la littérature des débuts de l'époque moderne commencent à associer Éros et Thanatos, dans une complaisance extrême à l'égard de la souffrance et de la mort, jusqu'à ce que le romantisme ne laisse subsister que la seule beauté sublimée du mort, en la dépouillant de ses connotations érotiques. Au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle, commence alors ce vaste mouvement de refoulement qui mène jusqu'à nous, où la mort se voit frappée d'interdit, n'étant plus que très rarement représentée.

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