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Affichage des articles du décembre, 2009

Le syndrome du scaphandrier de Serge Brussolo

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David est un modeste fonctionnaire travaillant pour le compte d’une administration sans âme, une vie décevante sans agrément et d’un morne ennui. L’exaltation, le danger et la prise de risque, ce sont ses rêves qui les lui procurent, lorsqu’il retrouve ses fidèles complices – dont la belle et attirante Nadia – dans le but d’accomplir les plus audacieux et périlleux cambriolages qui soient. Une vie réelle sans substance et une vie rêvée exaltante, de quoi préférer la vie onirique au quotidien décevant, même si les psychologues lui affirment que cet univers parallèle n’est rien d’autre que le produit de son imagination : « Essayez de toujours conserver à l'esprit que ce qui se passe "en bas" n'a aucune existence réelle.  Il n'y a pas d'en bas. Ne donnez surtout aucune épaisseur à ces fantasmes ou vous finirez schizophrène. [...]   Ne devenez pas comme ces vieux plongeurs qui croient que les personnages de leurs rêves continu...

Bel-Ami de Guy de Maupassant

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Extrait - Dis donc, mon vieux, sais-tu que tu as vraiment du succès auprès des femmes ? Il faut soigner ça. Ca peut mener loin. Il se tut une seconde, puis reprit, avec ce ton rêveur, des gens qui pensent tout haut : - C'est encore par elles qu'on arrive le plus vite. Mon avis Bel-Ami retrace l’ascension d’un homme qui n’avait aucune carte en main à sa naissance mais qui, par force de séduction, cynisme, ambition, opportunisme et arrivisme, accède aux plus hautes places de la société parisienne du XIXe siècle. Un aventurier privé de conscience et sans aucun talent si ce n’est celui de gravir les marches du pouvoir par les femmes qu’il soumet à ses ambitions. Car cette ascension, il la doit exclusivement à son pouvoir de séduction auprès de la gent féminine : prostituée, bigote, ambitieuse, frivole, jeune ingénue, aucunes ne résistent à ses appâts. Maupassant nous décrit également avec causticité et sagacité la faune parisienne du XIXe siècle : nous p...

MURENA, Chapitre Premier : La Pourpre et l’Or de Jean Dufaux et Philippe Delaby (BD)

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Murena est une bande dessinée historique ayant pour cadre la Rome Antique. La série comprend deux cycles : le cycle de la mère (4 tomes) suivi du cycle de l’épouse (4 tomes dont le dernier à paraître). « La Pourpre et l'Or » est le premier tome du cycle de la mère. Nous sommes en 54 apr. J.-C. Claude - quatrième empereur romain de la dynastie julio-claudienne - règne sur Rome. Sa quatrième épouse, la redoutable Agrippine, est une femme ambitieuse et dangereuse : pressé par son épouse de faire reconnaître son fils Lucius Domitius, né d’un précédent lit, Claude ne se doute pas qu’il vient de signer son arrêt de mort. En adoptant le fils d’Agrippine, le faisant passer devant son propre fils naturel dans l’ordre de succession, Claude ne se rend pas compte qu’il devient plus intéressant mort que vivant aux yeux de son épouse. Bien décidée à parvenir au pouvoir par l’entremise de son fils, Agrippine n’hésite pas à comploter la mort par empoisonnement de son époux, d...

Une vie de Guy de Maupassant

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Nous sommes en 1819, à Rouen. Jeanne, une jeune aristocrate de 17 ans, vient juste de sortir du couvent dans lequel elle avait été tenue cloîtrée depuis ses 12 ans. Elle semblait un portrait de Véronèse avec ses cheveux d’un blond luisant qu’on aurait dit avoir déteint sur sa chair, une chair d’aristocrate à peine nuancée de rose, ombrée d’un léger duvet, d’une sorte de velours pâle qu’on apercevait un peu quand le soleil la caressait. Ses yeux étaient bleus, de ce bleu opaque qu’ont ceux des bonhommes en faïence de Hollande. Son père, le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds, voulait « qu’on la lui rendît chaste à dix-sept ans pour la tremper lui-même dans une sorte de poésie raisonnable ». C’est que monsieur le baron est un disciple enthousiaste de J.-J. Rousseau et son principal objectif est celui d’ouvrir l’âme pure de sa fille aux joies de la nature, de la contemplation enchantée des champs et des bois à la tendresse simple des animaux. Aussi Jeanne - enfin lib...

Des hommes de Laurent Mauvignier

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Quatrième de couverture Ils ont été appelés en Algérie au moment des " événements ", en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d'autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois il suffit de presque rien, d'une journée d'anniversaire en hiver, d'un cadeau qui tient dans la poche, pour que, quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier. Laurent Mauvignier revient sur une page douloureuse de l’histoire de France, celle de la guerre d'indépendance algérienne. « On avait renoncé à croire que l'Algérie, c'était la guerre, parce que la guerre se fait avec des gars en face alors que nous, et puis parce la guerre c'est fait pour être gagné alors que là, et puis parce que la guerre c'est toujours des salauds qui la font à des types bien et que les types bien là il n'y en avait pas, c'étaient des hommes, c'est tout... » Q...

La dernière métamorphose de Keiichirô Hirano

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« Longtemps, je suis resté immobile, tapi dans un coin de ma chambre. Cela doit faire environ deux semaines que je m'y suis enfermé. Mon reflet dans le miroir montre un visage aux joues et au menton envahis par une barbe hirsute. Avant, comme je prêtais toujours une grande attention à mon apparence, je prenais soin de ma coiffure et m'épilais méticuleusement les sourcils. Maintenant, mes arcades sourcilières sont à l'abandon, comme une maison délabrée dans un champ en broussaille, et j'ai beau relever les mèches, ternies par la saleté, de mes cheveux que je ne lave plus depuis des jours, elles retombent chaque fois en désordre sur mes yeux. » C’est ainsi que débutent les confessions d’un jeune cadre japonais qui décide un beau jour de ne plus se rendre au travail, rompant toutes relations sociales, professionnelles et familiales en restant cloîtrer dans sa chambre, n’en sortant plus que pour satisfaire ses besoins corporels. Reclus dans sa chambre et coupé du...

Fugitives d'Alice Munro

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« C'était la deuxième fois qu'elle laissait tout derrière elle. La première fois, c'était exactement comme dans la chanson des Beatles - elle avait posé un mot sur la table et s'était faufilée hors de la maison à cinq heures du matin pour retrouver Clark sur le parking de l'église, au bout de la rue. Elle fredonnait d'ailleurs cette chanson dans la camionnette qui accélérait en vrombissant. She's leaving home, bye-bye.» Alice Munro met en scène, en huit nouvelles, des femmes qui partent. Elles fuguent, s’enfuient, s’en vont voir ailleurs. Elles quittent un foyer, une famille, une mère, elles fuient un amour naissant, rejettent un destin tout tracé. Mais elles se dispersent aussi beaucoup ces femmes, se dérobant souvent face au danger de leur propre désir. Car il semble bien qu’elles arrivent avant tout merveilleusement bien à se fuir elles-mêmes tant parfois il nous semble qu’elles cèdent facilement au renoncement et à l’abnégation. Fugitives, peut-...

Boule de suif de Guy de Maupassant

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Nous sommes en 1870, quelques mois après le début de la guerre franco-prussienne qui oppose le Second Empire français aux royaumes allemands unis derrière le royaume de Prusse. Les Prussiens débarquent à Rouen tandis que l’armée française est en pleine débâcle. L’occupant s’installe et l’habitant résiste peu, plus soucieux de s’attirer les bonnes grâces du belligérant pour améliorer son quotidien que de s’insurger contre lui par civisme. Mais cette odeur d’invasion finit tout de même pas en incommoder quelques-uns, que ce soit par patriotisme ou par nécessité, le besoin du négoce commençant à tirailler certains commençants. Après avoir reçu une autorisation de départ des autorités militaires allemandes, un groupe de dix personnes quitte la ville à bord d’une diligence tirée par six chevaux pour rejoindre le port du Havre, que l’armée française occupe toujours, en passant par les voies de terre à Dieppe. Parmi les voyageurs, deux bonnes sœurs, un démocrate, un couple de m...

Mr. Vertigo de Paul Auster

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Quatrième de couverture « J'avais douze ans la première fois que j'ai marché sur l'eau. L'homme aux habits noirs m'avait appris à le faire, et je ne prétendrai pas avoir pigé ce truc du jour au lendemain. Quand maître Yehudi m'avait découvert, petit orphelin mendiant dans les rues de Saint Louis, je n'avais que neuf ans, et avant de me laisser m'exhiber en public, il avait travaillé avec moi sans relâche pendant trois ans. C'était en 1927, l'année de Babe Ruth et de Charles Lindbergh, l'année même où la nuit a commencé à envahir le monde pour toujours. J'ai continué jusqu'à la veille de la Grande Crise, et ce que j'ai accompli est plus grand que tout ce dont auraient pu rêver ces deux cracks. J'ai fait ce qu'aucun Américain n'avait fait avant moi, ce que personne n'a fait depuis. » Lu il y a des années, j’ai eu envie de me replonger dans une des mes lectures préférées de Paul Auster...