jeudi 9 octobre 2014

Le Nobel de littérature attribué à Patrick Modiano

Le romancier est distingué "pour son art de la mémoire, avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables, et dévoilé le monde de l'Occupation". Il succède à la nouvelliste canadienne anglophone Alice Munro et emporte la récompense de huit millions de couronnes (environ 878.000 euros).


 Extrait Dora Bruder :

« Ce sont des personnes qui laissent peu de traces derrière elles. Presque des anonymes. Elles ne se détachent pas de certaines rues de Paris, de certains paysages de banlieue, où j'ai découvert, par hasard, qu'elles avaient habité. Ce que l'on sait d'elles se résume souvent à une simple adresse. Et cette précision topographique contraste avec ce que l'on ignorera pour toujours de leur vie - ce blanc, ce bloc d'inconnu et de silence. »

Le billet Dora Bruder.


Extrait Dans le café de la jeunesse perdue :

« J'ai toujours cru que certains endroits sont des aimants et que vous êtes attiré vers eux si vous marchez dans leurs parages. Et cela de manière imperceptible, sans même vous en douter. Il suffit d'une rue en pente, d'un trottoir ensoleillé ou bien d'un trottoir à l'ombre. Ou bien d'une averse. Et cela vous amène là, au point précis où vous deviez échouer. Il me semble que Le Condé, par son emplacement, avait ce pouvoir magnétique et que si l'on faisait un calcul de probabilités le résultat l'aurait confirmé: dans un périmètre assez étendu, il était inévitable de dériver vers lui. J'en sais quelque chose. »
Le billet Dans le café de le jeunesse perdue.

9 commentaires:

  1. Je ne l'ai pas encore lu. J'avoue être décontenancée en l'écoutant, et qu'il ne parvient pas à me donner envie. Je crains que l'atmosphère de ses livres ne soit guère pour moi.

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  2. Ah ça c'est une bonne question Mimi, pas certaine effectivement que ce soit vraiment pour toi. J'ai lu deux romans de cet auteur, que j'ai relativement bien aimés mais toutes ces énumérations de noms de rues, noms de personnes disparues, de commerces démolis… peuvent aussi devenir un peu lassantes. Disons que les thématiques de l'auteur me touchent beaucoup mais que j’ai un peu plus de mal dans sa façon de les évoquer. Par contre, sa timidité, ses hésitations, le fait qu'il ne termine jamais ses fins de phrases en interview sont émouvants, du coup je le trouve extrêmement sympathique.

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  3. Je l'ai découvert assez récemment avec L'horizon, La place de l'étoile, et surtout Dora Bruder, qui a été un véritable coup de cœur... J'ai été personnellement très impressionnée par sa façon de traiter son sujet. L'émotion est suscitée comme de manière accidentelle. J'ai aimé le ton tout en retenue, et sa mélancolie discrète.
    Je ne connais pas suffisamment son œuvre pour savoir si ce Nobel est mérité (et quand bien même, qui suis-je pour en juger ?!) mais j'ai depuis longtemps prévu de continuer à découvrir les textes de cet auteur. Je crois que prochain sera Rue des boutiques obscures...

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  4. J'ai lu également son autobiographie Un pedigree, que je te conseille vivement. Tu trouveras quelques clés de cet écrivain et la genèse de ses obsessions.

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  5. Je vais quand même l'inscrire dans mon petit carnet bibliothèque; Et si tu avais 2 ou 3 titres essentiels pour l'aborder, cela me permettrai de faire un premier choix.

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  6. Et bien c'est drôle car je regardais hier soir La grande librairie et les auteurs qui étaient invités ont conseillé justement les trois livres que j'ai lus de lui, comme quoi je ne m'étais pas trop plantée. Je te conseillerai donc Dora Bruder, qui fait en général l'unanimité. Et Un pedigree, son autobiographie pour comprendre la psychologie de l'auteur, son parcours, son enfance, sa relation à la mère, son sentiment de solitude...

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  7. j'attendrais de voir ce qu'il va faire de ses couronnes pour mieux l'apprécier

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  8. Le point de vue de deux professeurs littéraires belges dans l'édition de ce jour au journal Le Soir :

    Paul Aron, professeur de littérature française à l’ULB, parle d'un prix sage qui n'aura pas beaucoup d'impact sur la littérature française ni sur la carrière de l'auteur, déjà primé à de multiples reprises : « Paris n’est plus capitale mondiale de la Littérature. Et cette décision d’accorder le Nobel à Modiano est plutôt inattendue. Ce n’est pas un prix audacieux : il n’est pas débutant, son œuvre ne fait pas débat. Modiano est quelqu’un qui écrit toujours la même œuvre. Elle est très cohérente mais elle n’a pas pour ambition de changer le monde. C’est un prix sage ».

    Erica Durante, professeur de littérature générale et comparée à l’UCL, trouve que la littérature française n’a guère plus de vie sinon dans l’autofiction : « Je pense que ce Nobel n’aura aucun impact sur l’état de la littérature française. Après le Nobel de Le Clézio, ça n’a rien changé. Sinon un intérêt pour la littérature écrite en langue française, particulièrement africaine. Non, je ne crois pas que ce prix produira un nouvel élan». Deux auteurs, selon elle, sortent du lot en France : Jonathan Littel et Michel Houellebecq.

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