jeudi 20 novembre 2014

La légende de Gösta Berling de Selma Lagerlöf

Première femme à recevoir le Prix Nobel de littérature (1909) et à être élue à l’Académie suédoise (1914), Selma Lagerlöf connu son plus grand succès littéraire avec « Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède ».

L'auteur commence sa carrière d’écrivain en publiant, à la veille des fêtes de Noël de 1891, un recueil de contes racontant les aventures du pasteur défroqué Gösta Berling, recueilli par le maître des sept forges de Värmland, la « Commandante », une vieille femme au caractère bien trempé. Il y rencontrera les Chevaliers d’Ekeby, une bande de joyeux lurons qui ne pensent qu’à s’amuser, boire et festoyer, mais également de belles amoureuses, le diable et ses sorcières, des ours et des loups cachés dans les forêts, les gens du peuple ou de la noblesse, sans oublier une nature omniprésente aussi belle qu’austère et parfois dangereuse.

Ce recueil de contes, qui tient autant de l’épopée romantique, de la poésie, de la fantaisie que de la saga nordique de la terre des ancêtres, pourrait vous surprendre tant les aventures se suivent sans toujours bien s’agencer les unes aux autres. Il faut plutôt les prendre comme un ensemble de vieilles histoires et de légendes presque oubliées, parfois très courtes, d’autres un peu plus longues, ayant comme toile de fond la région natale de l’auteur, le Värmland, et comme fil conducteur le pasteur dévoyé Gösta Berling, un bel homme au cœur tendre mais aussi buveur que maladroit. Des histoires d'amour, de trahisons, de déchéances, de beuveries, parfois tragiques, d’autres cocasses, mais aussi de réconciliations et de repentis.

De par ce manque de linéarité, il est difficile de s’attacher réellement aux personnages, et pourtant on se surprend à ressentir une certaine émotion lorsque la dernière page du dernier conte se tourne, avec cette sensation de laisser là pour toujours ce monde foisonnant aujourd’hui disparu, aux personnages hauts en couleur, dont certains ont connu des destinées bien âpres et d’autres des passions bien dévorantes. Et on remercie alors Selma Lagerlöf d’avoir couché sur papier leurs aventures, nous les rendant aussi immortels qu’accessibles, quand l’envie nous prendra de les retrouver au coin du feu...


Le Värmland


Je laisse la dernière parole à l’auteur :

Il faut traiter doucement les vieilles histoires : elles ressemblent à des roses fanées dont les pétales tombent au doigt qui les touche.


La légende de Gösta Berling de Selma Lagerlöf, Éditions Stock, juin 2001, 315 pages

Édition originale : 1891

Sur ce blog, du même auteur :

* L'anneau maudit de Selma Lagerlöf.

2 commentaires:

  1. Re-bonjour Sentinelle :)

    Oh ! Nils Holgersson ! Il me semble que le jars sur lequel il voyage s'appelle Martin, non ? C'est tout ce que je connais de Selma Lagerlöf. Je dois arrêter de me croire le centre du monde ;-)

    Je ne suis pas sûr toutefois que ce genre d'histoires m'intéresse aujourd'hui. Les contes et nouvelles me laissent souvent "sur ma faim". Cela dit, c'est sans doute un bel univers et j'admire le côté créatif de ceux (ou de celle, en l'espèce) qui donnent vie à ce type de récits.

    Question subsidiaire: la photo du Värmland est de toi ? Je suppose que ça veut dire "Pays chaud" et imagine que tout est relatif... ;-)

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    1. Hélas non, la photo n’est pas de moi. La lecture de mythes et de légendes me permettent surtout de sentir un peu l’âme ou l’identité d’un peuple. C’est mon côté ethnologue qui ressurgit, je ne retrouve donc pas forcément le même plaisir qu’avec la lecture de romans mais l’intérêt est ailleurs ;-)

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