dimanche 21 janvier 2018

Carnet de notes n°1 : Les Pérégrins d'Olga Tokarczuk (Lecture Commune)



Je vous avais parlé d'une prochaine lecture commune l'année passée, un petit rappel ne me semble donc pas superflu : Les Pérégrins d'Olga Tokarczuk.

J'ouvre le bal à la lecture des premièrs chapitres. Ce sera comme une sorte de carnet de notes, avec mes passages préférés, les réflexions qu'ils suscitent, les recherches que j'ai faites sur internet à ce propos. 

Vous êtes tout à fait libres d'y apporter votre contribution, d'une manière ou d'une autre.  Edyta, bien évidemment, puisqu'elle participe avec moi à cette Lecture Commune, mais vous tous qui passez par ici, si cela vous tente.





Carnet de notes n°1 : Je suis - Le monde dans la tête

Le roman commence par un souvenir d'enfance. Une première escapade, une première audace sans demander la permission, une sensation de liberté (pouvoir disparaitre), une promesse d'infini dans le mystère de l'au-delà d'un fleuve, caché et invisible du regard. La liberté, la découverte, les sensations et l'attrait de la nature. Premières traces d'un voyage plein de promesses et qui en appelleront d'autres.


[p.8]  Mon premier voyage, je l'ai fait à pied, à travers champs.  Personne ne s'étant aperçu avant longtemps de ma disparition, je suis parvenue à faire un bon bout de chemin. J'ai d'abord traversé tout le parc, puis - par des chemins vicinaux, à travers des champs de maïs et des prés gorgés d'eau, parsemés de boutons d'or et quadrillés de rigoles de drainage - j'ai poussé mon expédition jusqu'au fleuve.  (...) Oh, ce n'est pas un grand fleure ! C'était juste l'Oder.  Moi non plus je n'étais pas grande à cette époque-là. (...) Mais, pour moi, c'était tout à fait suffisant, l'Oder me semblait immense.  Le fleuve coulait au gré de ses caprices, incontrôlables, imprévisibles, enclin aux inondations. L'Oder coulait, défilait, tendu vers son but ultime caché quelque part derrière l'horizon, au loin, dans le nord.  Il était impossible de fixer son regard sur ses ondes, car le fleuve l'entraînait au-delà de l'horizon, jusqu'à vous donner le tournis.
(...)
Debout sur la digue, les yeux rivés sur le courant tumultueux de l'Oder, j'ai pris conscience que ce qui est en mouvement - en dépit des dangers - sera toujours meilleur que ce qui est immobile, et que le changement sera toujours quelque chose de plus noble que l'invariance ; car ce qui stagne est voué inévitablement à la dégénérescence, à la décomposition et, en fin de compte, au  néant, alors que tout ce qui évolue saura durer, et même éternellement."



[p.13]  Apparemment, il me manque ce gène qui fait que, dès que l'on s'arrête un peu longtemps quelque part, on y plonge ses racines. Ce n'était pas faute d'avoir essayé.  Tout simplement, mes racines ne s'enfonçaient pas assez profondément, de sorte que le moindre souffle de vent me bousculait.  Je n'arrivais pas à germer, je n'ai pas reçu ce don propre aux végétaux.  Je ne tire pas ma sève de la terre, je suis une anti-Antée.  Mon énergie me vient du mouvement : des vibrations des autocars, du vrombissement des avions, du roulis des trains et des ferries.




Recherche sur le web

Pérégrin : Dans l'Empire romain, les pérégrins sont des étrangers, hommes libres, habitant les provinces conquises par Rome, mais ne disposant pas de la citoyenneté romaine, ni du statut juridique des Latins.

Bieguny (les marcheurs ou pérégrins) était une secte de l’ancienne Russie, pour qui le fait de rester au même endroit rendait l’homme plus vulnérable aux attaques du Mal, tandis qu’un déplacement incessant le mettait sur la voie du Salut.

--> association d'idées (dans le sens de ma lecture du roman Les Pérégrins) : le mouvement, la vie, la liberté de se mouvoir, la nécessité de ne pas s'enraciner, pouvoir disparaître, se mettre à l'écart pour mieux observer, c'est assumer l'incontrôlable MALGRÉ les dangers et la précarité de cette existence. La mort, c'est la stagnation, le prévisible, l'immobilité. Importance de la nature, des fleuves aussi...


L’Oder (Odra en polonais) est un fleuve d’Europe centrale d’une longueur totale de 854 km. Depuis sa source située en République tchèque, l’Oder remonte dans le Sud-Ouest de la Pologne, puis il est rejoint par la rivière Neisse (en polonais : Nysa), et constitue alors l’actuelle frontière naturelle entre l’Allemagne et la Pologne, jusqu’à son embouchure sur la lagune de Szczecin qui donne sur la mer Baltique. C’est le deuxième plus long fleuve polonais après la Vistule.

L’Oder à Wrocław




Antée : Dans la mythologie grecque et berbère, Antée (en grec ancien Ανταίος / Antaíos) était le fils de Gaïa (la Terre) qu'elle engendre seule ou avec Poséidon selon les traditions. Il avait la particularité d'être pratiquement invincible tant qu'il restait en contact avec le sol, car sa mère, la Terre, ranimait ses forces chaque fois qu'il la touchait. Il vivait en Libye (ou en était roi), et défiait à la lutte tous les voyageurs ; il utilisait ensuite leurs dépouilles comme recouvrement pour le toit du temple de son père. Il fut vaincu par Héraclès, alors que celui-ci était à la recherche des pommes d'or du jardin des Hespérides : le demi-dieu le souleva de terre puis l'étouffa.

(source)


Lucas Cranach, Hercule et Antée, vers 1520-30 (Musée du Luxembourg)


Suite prochainement avec Le carnet de notes n°2 : La tête dans le monde - Le syndrome - Le cabinet de curiosités - Voir, c'est savoir - Panopticum

4 commentaires:

  1. Je le commence une fois ma lecture en cours terminée. :-)

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  2. Il est très intéressant ce carnet de notes, il permet de contextualiser la lecture. Je n'ai jamais lu cet auteur bien que je sois adepte des éditions Noir sur Blanc.

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    1. Merci, Marilyne. Je crois que j'ai un peu fait le tour concernant l'écriture de billets après lecture, alors j'essaye autre chose, histoire de garder et de partager une trace en cours de lecture. Et une lecture commune me semblait le moment idéal pour commencer :)

      Je n'ai pas tout lu de l'auteur mais je l'aime vraiment bien, je te la conseille donc volontiers !

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