mercredi 7 janvier 2015

La peau douce de François Truffaut

Synopsis

Pierre Lachenay, mari et père comblé, universitaire réputé, tombe amoureux de Nicole, hôtesse de l'air, lors d'un séjour à Lisbonne.  Leur liaison est minée par la culpabilité et l'angoisse de Pierre.  Lorsque sa femme le soupçonne d'adultère, il quitte le domicile conjugal.

Alors que l’homme, qui se laisse plutôt porter par les événements au lieu de les provoquer, semble avant tout hésitant et opportuniste, les femmes prennent assurément leur destin en main en assumant leur tempérament. Il est amusant par ailleurs de constater que le réalisateur confie plus volontiers (et contre toute attente) le rôle de la femme charnelle et sensuelle à l’épouse et celui de la femme-enfant à la maitresse. Comme si finalement une féminité trop franche serait moins facile à assumer pour l’homme, qui préfère jouer un rôle paternaliste plus protecteur auprès d’une jeune femme aussi légère qu'aérienne. Pourtant cette relation extra-conjugale est loin d’être idyllique, sans doute minée par la culpabilité de l’homme et le malaise de la maitresse, tant cette clandestinité marque surtout les esprits par ses aspects inévitablement glauques et oppressants.

Un thème éculé, celui de l’adultère et de la désagrégation d’un couple, pour un traitement qui l’est nettement moins, tant ce drame bourgeois possède un ton grave et désillusionné, tout en présentant un constat d’une terrible noirceur sur les relations amoureuses, qui ne semblent reposer que sur d’énormes malentendus.

Même si le réalisateur s’est inspiré d’un fait divers réel pour le dénouement tragique, il y a mis également beaucoup de lui-même, dans la mesure où l’écriture et le tournage du film coïncide avec l’année de son divorce. Pour la petite anecdote, l’appartement du 16e arrondissement, dans lequel vit toujours son ex-épouse Madeleine Morgenstern, avait d’ailleurs servi de décor pour les scènes domestiques du film. Un film qui dénonce la routine conjugale mais dans lequel il exploite également ses propres obsessions érotiques.

Hué par le public de Cannes, incompris des critiques, le film fut très mal accueilli à sa sortie. Beaucoup mieux apprécié aujourd’hui (La peau douce est considéré comme un des meilleurs films de François Truffaut, en tout cas le plus épuré), il ne constitue pas pour autant mon film préféré du réalisateur, le trouvant trop amer et désabusé. 

A ce propos, j’aime beaucoup ce qu’en dit Madeleine Morgenstern, dans une interview récente pour Télérama : « Les gens me demandent si j’aime La Peau douce, je dis non, ce n'est pas mon film préféré du tout. C’est un film que les hommes aiment plus que les femmes. »

Évidemment, on ne s'attendait pas non plus que l'ex-épouse du réalisateur apprécie particulièrement ce film mais je fus tout de même étonnée de cette affirmation. Est-ce vraiment le cas ? La question mérite d’être posée.


Réalisateur : François Truffaut
Acteurs : Jean Desailly, Françoise Dorléac, Nelly Benedetti, Daniel Ceccaldi
Origine : France
Genre : Drame
Public: Tout public
Année de production : 1964
Durée : 1h55


Du même réalisateur, à découvrir également :

* L'enfant sauvage
* La chambre verte
* L'histoire d'Adèle H.

2 commentaires:

  1. Bel article. J'y ai vu un hommage à Hitchcock : http://breakfastatwinkies.blogspot.com/2014/10/la-peau-douce-francois-truffaut-1964.html

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    1. Merci pour le lien. Ce film est en effet considéré comme le plus hitchcockiens de ses films, diffusant une angoisse morbide dans une réalité qui pourrait sembler banale de prime abord.

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