mardi 22 avril 2014

Expo 58 de Jonathan Coe

Quatrième de couverture

Londres, 1958. Thomas Foley dispose d'une certaine ancienneté au ministère de l'Information quand on vient lui proposer de participer à un événement historique, l'Exposition universelle, qui doit se tenir cette année-là à Bruxelles. Il devra y superviser la construction du Pavillon britannique et veiller à la bonne tenue d'un pub, Le Britannia, censé incarner la culture de son pays. Le jeune Foley, alors qu'il vient de devenir père, est séduit par cette proposition exotique, et Sylvia, son épouse, ne voit pas son départ d'un très bon œil. Elle fera toutefois bonne figure, et la correspondance qu'ils échangeront viendra entrecouper le récit des nombreuses péripéties qui attendent notre héros au pays du roi Baudouin, où il est très vite rejoint par de savoureux personnages : Chersky, un journaliste russe qui pose des questions à la manière du KGB, Tony, le scientifique anglais responsable d'une machine, la ZETA, qui pourrait faire avancer la technologie du nucléaire, Anneke, enfin, l'hôtesse belge qui va devenir sa garde rapprochée... Coe embarque le lecteur dans une histoire pleine de rebondissements, sans que jamais la tension ne retombe ou que le ridicule ne l'emporte. Sous la forme d'une parodie de roman d'espionnage, il médite sur le sens de nos existences et dresse le portrait d'un monde disparu, l'Angleterre des années 1950, une société tiraillée entre une certaine attirance pour la liberté que semble offrir la modernité et un attachement viscéral aux convenances et aux traditions en place.

Jonathan Coe nous convie à un récit d’espionnage, qui tient plus de la farce ou de la satire que du roman policier, en prenant pour héros un personnage un peu falot, plus manipulé et balloté par les événements qu’autre chose. En toile de fond, la guerre froide et une exposition universelle dans lequel chaque pays s’invente une identité factice, plus fantasmée que réaliste. Un univers décalé et surréaliste qui désoriente quelque peu notre héros mais qui lui confère également une étrange sensation de liberté temporaire. Plus difficile sera le retour à la réalité, lorsque tous les mensonges, trahisons et autres secrets bien gardés seront enfin dévoilés. 

Le dernier opus de Jonathan Coe est finalement plus un roman d’apprentissage, intimiste et psychologique, qu’un roman d’espionnage. Léger en apparence mais dans lequel pointe une mélancolie sourde qui s’intensifiera tout à la fin du roman, nous renvoyant à nos lâchetés et autres compromissions. Qu’avons-nous fait de notre vie ? Une question qui taraude depuis longtemps notre auteur. 


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