Synopsis
Nous sommes à Paris, dans les années 1900. Coup de foudre amical entre Jules, l’allemand et Jim, le français. Épris de la même femme libérée qui se prénomme Catherine, c’est Jules qui l’épousera. La guerre 14-18 séparera un temps les deux amis. La paix revenue, Jim rend visite au couple dans leur chalet allemand. Si son épouse lui a été infidèle pendant la guerre, Jules a toujours peur que Catherine le quitte. Lorsqu’elle tombe amoureuse de Jim, il ne s’y oppose pas et donne même sa bénédiction, pensant se prémunir de toute séparation éventuelle. Et on assiste à la naissance de ce triangle amoureux. Mais l’impossibilité de Catherine à porter l’enfant de Jim poussera ce dernier vers Gilberte, une femme plus conventionnelle qu’il avait quittée auparavant pour Catherine.
Éloge de l’amour libre ? Pas vraiment.
Jeanne Moreau, qui illumine l’écran, est superbe en femme fatale et narcissique. Farouchement indépendante, transgressive, séductrice et indomptable, elle manipule les hommes comme un marionnettiste tire les ficelles de ses pantins. Mais c’est son impossibilité de donner un enfant à Jim qui le poussera dans les bras d’une autre femme. Étrange ironie pour une femme libérée.
J’ai finalement trouvé ce film d’une grande mélancolie. Il y a bien quelques scènes insouciantes et heureuses mais un voile opaque recouvre suffisamment l’ensemble pour ne jamais nous faire oublier qu’une tragédie se prépare, inexorablement.
Il n’y a pas d’amour heureux, ni dans le couple ni en dehors. Et ce n’est pas le refus de la résignation ni celui de l’hypocrisie qui sauveront quoi que ce soit : il y en a toujours un qui finit par s’ennuyer et tromper, un autre par attendre et espérer. En final, beaucoup de frustrations et d’amertumes.
François Truffaut ne se limite pas à filmer la tragédie intimiste de ses personnages mais il les plonge également dans les soubresauts de l’histoire, à travers des images d’archives de la Première Guerre Mondiale. Une référence qui doit lui tenir à cœur dans la mesure où il rendra hommage, à de multiples reprises, aux soldats morts ou blessés de la guerre 14-18 dans La chambre verte, un de ses derniers films. Il annonce aussi la fin d’une époque à travers les actualités d’un cinéma, dans lequel le trio visionnera des images impressionnantes d’un autodafé, annonçant l’arrivée du totalitarisme.
Une des dernières images demeure tout aussi étonnante, celle où nous voyons les restes incinérés broyés et transformés en cendres. Une séquence qui préfigure, à sa manière, le désastre de la Seconde Guerre Mondiale ? La mort qui s’invite également dans la visite d’un cimetière militaire que Jim visite avant de se rendre chez Jules et Catherine. Un hommage aux morts et la nécessité de ne pas les oublier, thèmes centraux que nous retrouverons également dans La chambre verte, un de ses films le plus personnel.
Jules et Jim est l’adaptation du récit autobiographique d’Henri-Pierre Roché. François Truffaut avait découvert par hasard ce premier roman d’un vieillard inconnu chez un bouquiniste dans les années cinquante. Le réalisateur connaîtra la consécration avec ce film et continuera tout au long de sa carrière à adapter de nombreux livres. Son amour des livres sera par ailleurs le thème central de son film Fahrenheit 451. C’est pour conserver le texte d’Henri-Pierre Roché que François Truffaut invente le commentaire off, qui deviendra sa figure de style privilégiée.
Titre : Jules et Jim
Réalisateur: François Truffaut
Acteurs: Jeanne Moreau, Oskar Werner, Henri Serre, Marie Dubois
Origine: France
Genre: Comédie dramatique
Année de production: 1961
Durée: 1h44
Du même réalisateur : Le chambre verte
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