Synopsis
En plein hiver, Mike Nickerson et Tony Rodriguez se rendent dans une petite villa du Connecticut où vivent Harry Wayne, un écrivain d'âge mûr pas très fûté, sa fille Martha, son fiancé Bill Schmidt et leur jeune enfant. Les deux hommes sont d'anciens compagnons d'armes de Bill, lorsque ce dernier combattait au Viêt-Nam.
Nickerson et Rodriguez ont été jugés et condamnés à deux ans d'emprisonnement pour avoir violé et assassiné une jeune Vietnamienne qu'ils avaient prise pour une espionne. C'est Bill qui les a dénoncés. Rodriguez est prêt à lui pardonner, mais Nickerson n'est pas de cet avis.
Ne trouvant pas de financement auprès des grandes compagnies, trop frileuses pour financer un des premiers films sur le conflit vietnamien et le retour difficile des vétérans qui ont bien du mal à s’intégrer après leurs expériences traumatisantes, Elia Kazan tourne avec des moyens dérisoires : des comédiens débutants, quatre techniciens, une caméra Super 16 et sa maison de campagne comme lieu de tournage.
Le scenario est inspiré d’un fait divers lu dans un journal : deux vétérans, qui ont purgé deux ans de prison pour viol et meurtre d’une jeune vietnamienne en temps de guerre, viennent régler leur compte à celui qui les a dénoncés, un ancien compagnon d’armes.
La guerre et ses conséquences psychologiques, la délation, la culpabilité, la vengeance… mais Elia Kazan joue surtout sur l’ambivalence et l’ambigüité des personnages. La guerre génère-t-elle les pires pulsions ou bien ne fait-elle que les libérer ? Peut-on se relever d’une telle expérience ? Revenir à une vie « normale » ? Le réalisateur se garde bien de juger mais essaye de comprendre tous les points de vue, créant de ce fait un très grand malaise tant il soulève beaucoup de questions sans y apporter aucune réponse. Un huis-clos étouffant qui monte en intensité et en tension, pour aboutir à ce que l’on pressent depuis le début, une explosion de violence.
Les acteurs sont formidablement dirigés, il y a bien sûr James Woods dans son premier rôle, mais on découvre surtout un tout jeune acteur qui crève littéralement l’écran : il s’agit de Steve Railsback, qui a malheureusement connu une bien piètre carrière depuis lors. Il est pourtant époustouflant dans le rôle d’un des deux vétérans venus se faire justice, un serpent au regard hypnotisant qui peut vous mordre à tout moment. Fragile et monstrueux, un personnage extrêmement troublant et angoissant, attirant et répulsif à la fois. Un personnage qu'on redoute et qui fait peur, participant à l'angoisse latente du film depuis le début.
Un film très fort et un climat de tension intense. Dérangeant. Un grand film, à découvrir de toute urgence !
Titre original : The Visitors
Réalisateur : Elia Kazan
Acteurs : Patrick Mcvey, James Woods, Patricia Joyce
Origine : États-Unis
Genre : Comédie dramatique
Année de production : 1972
Durée : 1h28
Note : 5/5
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