samedi 15 mars 2008

La fille américaine de Monika Fagerholm

Extrait

Cela advient dans le Coin, au marais de Bule.  La mort d'Eddie.  Elle était au fond du marais.  Les cheveux en suspension autour de la tête, de longues mèches épaisses, on aurait dit des tentacules, les yeux écarquillées comme la bouche.  Il la voyait du haut du rocher de Lore, sa bouche ouverte, son cri inaudible.  Il la regardait au fond des yeux, mais ses orbites étaient vides.  Des poissons s'y faufilaient, comme dans les autres cavités de son corps.  Mais plus tard, après un certain temps. Il ne cessa jamais de se représenter ça. Comme dans le triangle des Bermudes, elle avait été aspirée au fond du marais. Où elle gisait à présent, inaccessible, distante de plusieurs dizaines de mètres, visible de lui seul, dans les eaux troubles et sombres. Elle, Edwina de Wire, Eddie.  La fille américaine.  Ainsi qu'on l'appelait dans le Coin.


Mon avis

Au-delà de l'intrigue, l'auteur explore avec beaucoup de finesses le monde mystérieux de l'adolescence, les rêveries diurnes, les illusions, les relations amoureuses triangulaires et fusionnelles, l'identification et l'idéalisation, la découverte de la sexualité et les fantasmes sous-jacents, la différence de classes, l'apprentissage de la vie et les fêlures de l'âme.

J'ai beaucoup aimé ce roman aux allures de conte initiatique pour adultes, qui est par ailleurs extrêmement difficile à résumer tant le contenu est dense et riche, incluant de multiples retours en arrière et des mouvements temporels dans la narration, multipliant les points de vue d'un même événement, mélangeant la réalité et l'imaginaire des protagonistes.

Il y a quelque chose de magnifiquement désenchanté dans ce roman d'apprentissage auquel nous convie Monika Fagerholm, auteur que je vous invite vivement à découvrir si vous n'avez pas peur de vous aventurer hors des sentiers battus. Car « La fille américaine »,, de par son foisonnement et sa structure enchevêtrée, peut aussi sans aucun doute décontenancer et décourager certains lecteurs. Pour ma part, j'ai été subjuguée par l'écriture ensorcelante de Monika Fagerholm.


Quatrième de couverture

1969, une presqu'île de Finlande. Une jeune fille américaine, Eddie de Wire, vient rendre visite à sa tante, installée dans la Maison de Verre. Deux garçons tombent éperdument amoureux d'elle et, lorsqu'elle disparaît si vite et sans raison, on retrouve le corps de l'un d'eux pendu dans une grange. C'est le début du Mystère de la fille américaine qui va hanter la vie des habitants du lieu. Doris et Sandra, encore enfants à l'époque du drame, se lient d'une amitié exclusive, qui se nourrit de leur fascination commune pour cette affaire. Mais d'autres mystères affleurent : qu'est devenue Lorelei, la mère de Sandra ? Est-elle partie avec son amant ? L'a t-on assassinée ? Un jour, le corps de la jeune fille américaine remonte à la surface du marais de Rule. Mais s'agit-il bien d'elle ?


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