Synopsis
Les États-Unis, quelques années avant la guerre de Sécession. Solomon Northup, jeune homme noir originaire de l'État de New York, est enlevé et vendu comme esclave. Face à la cruauté d'un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité. Douze ans plus tard, il va croiser un abolitionniste canadien et cette rencontre va changer sa vie...
Troisième long métrage de Steve McQueen, le maître incontesté du corps en souffrance, de l'enfermement et de la chair meurtrie.
Disons-le d'emblée, ce film est presque parfait : un témoignage bouleversant basé sur l’autobiographie de Solomon Northup, un morceau d'histoire pas encore vraiment digéré de l’Amérique esclavagiste, une tension de tous les instants, des rôles d'une grande consistance, y compris dans les seconds rôles (Paul Dano, Lupita Nyong'o, Alfre Woodard dans Maîtresse Shaw, dont on peut déplorer la petitesse du rôle), une interprétation magistrale des comédiens (Chewetel Ejiofor et Michael Fassbender en tête), des plans qui frôlent le classicisme sans pour autant perdre de leur intensité.
Un seul petit bémol cependant : le propos n’est-il pas desservi quelque peu par l’entremise d’un personnage aussi torturé que malade psychologiquement comme l’était visiblement le propriétaire de la plantation de coton Edwin Epps (joué excellemment par Michael Fassbender) ? Je reconnais qu’il est un des personnages les plus intéressants puisque tout en contraste et en fureur, pris en tenaille entre des pulsions qui s’opposent. Mais j’aurais aimé suivre plus longtemps le propriétaire Ford (joué par Benedict Cumberbatch, que nous voyons de plus en plus au cinéma pour notre plus grand plaisir), un homme sain et visiblement intègre. Comme peut-on accepter de vivre avec l’esclavage lorsqu’on est un homme équilibré et censé ? Quels peuvent être ses doutes, ses questionnements, ses compromissions ? Comment se débrouille-t-il pour vivre avec sa conscience dans un système aussi ignoble ? Qu’un homme tourmenté comme Edwin Epps s’en délecte, nous pouvons aisément le comprendre. Mais les autres ?
12 Years a Slave est un film fort, éprouvant, intense et nécessaire.
Disons-le d'emblée, ce film est presque parfait : un témoignage bouleversant basé sur l’autobiographie de Solomon Northup, un morceau d'histoire pas encore vraiment digéré de l’Amérique esclavagiste, une tension de tous les instants, des rôles d'une grande consistance, y compris dans les seconds rôles (Paul Dano, Lupita Nyong'o, Alfre Woodard dans Maîtresse Shaw, dont on peut déplorer la petitesse du rôle), une interprétation magistrale des comédiens (Chewetel Ejiofor et Michael Fassbender en tête), des plans qui frôlent le classicisme sans pour autant perdre de leur intensité.
Un seul petit bémol cependant : le propos n’est-il pas desservi quelque peu par l’entremise d’un personnage aussi torturé que malade psychologiquement comme l’était visiblement le propriétaire de la plantation de coton Edwin Epps (joué excellemment par Michael Fassbender) ? Je reconnais qu’il est un des personnages les plus intéressants puisque tout en contraste et en fureur, pris en tenaille entre des pulsions qui s’opposent. Mais j’aurais aimé suivre plus longtemps le propriétaire Ford (joué par Benedict Cumberbatch, que nous voyons de plus en plus au cinéma pour notre plus grand plaisir), un homme sain et visiblement intègre. Comme peut-on accepter de vivre avec l’esclavage lorsqu’on est un homme équilibré et censé ? Quels peuvent être ses doutes, ses questionnements, ses compromissions ? Comment se débrouille-t-il pour vivre avec sa conscience dans un système aussi ignoble ? Qu’un homme tourmenté comme Edwin Epps s’en délecte, nous pouvons aisément le comprendre. Mais les autres ?
12 Years a Slave est un film fort, éprouvant, intense et nécessaire.
Extrait d'une interview du réalisateur
Qu'est-ce qui vous a le plus choqué, le plus surpris, lorsque vous vous êtes décidé à raconter et mettre en scène cette histoire ?
On ne parle jamais de l'horreur vécue au quotidien par les esclaves. Pourquoi ? Parce qu'il y a la honte. Qui a envie de se confronter, encore aujourd'hui, à de telles horreurs ? Qui a envie de porter cet héritage-là ? On peut le faire, certes, mais cela entraîne alors aussi un questionnement sur les esclavages modernes... et là aussi, qui est prêt à se confronter à cela ?
Source : Le Mad du journal Le Soir du mercredi 22 janvier.
Note : 5/5
Date de sortie en Belgique : 22/01/2014
Date de sortie en Belgique : 22/01/2014
J'en sors bouleversée.
RépondreSupprimerJe te comprends, ce film est très fort.
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