vendredi 3 janvier 2014

L'homme dans le labyrinthe de Robert Silverberg


Extrait

La sentez-vous, cette merveilleuse essence humaine ? Toute sa laideur et sa puanteur ? Ce qui est en moi est en vous aussi. Allez voir les Hydriens, ils vous aideront à la libérer et à l’émettre, et alors vous verrez tout le monde vous fuir comme on m’a fui. Je suis le porte-parole des hommes. Je suis la vérité. Je suis l’esprit enfoui sous les crânes. Je suis les tripes et les viscères de la pensée. Je suis ce tas d’ordures que nous prétendons ne pas exister, toute cette sauvagerie bestiale faite de désirs, de convoitises, de petites haines mesquines, de maux de toutes sortes, d’envies. Et pourtant, c’était moi qui me croyais un dieu. 


Mon avis

Muller, un homme seul depuis neuf ans, s’est réfugié sur Lemnos, une ancienne planète abandonnée depuis mille siècles par une race étrangère et inconnue. Un labyrinthe démoniaque défend la ville morte, à peine dégradée par le temps. Nombreux sont ceux qui ont péri en tentant d’y pénétrer, victimes d’une des trappes ou autres obstacles meurtriers. Le labyrinthe résume à lui seul l’essence fondamentale de la philosophie de toute race existante : tuer l’étranger. 

Pourtant c’est là que Muller se terre. Et c’est au cœur de ce labyrinthe que des hommes vont essayer de le retrouver. Pourquoi fuit-il les hommes depuis tout ce temps ? Pourquoi vient-on le rechercher ? Car il n’est pas un fugitif qui doit être ramené devant la justice ; il est juste « un homme atteint d’une affection répugnante, devenu une abomination aux yeux de ses frères humains. »

Inspiré d’une tragédie grecque, ce roman de science-fiction privilégie avant tout la dimension psychologique de la nature humaine. Plus que de planètes lointaines et autres créatures extra-terrestres (qui ne sont pas pour autant absents), il est surtout question de l'âme torturée, de la place de l'homme dans l'univers, du libre arbitre, de loyauté et de culpabilité. Sans oublier le pécher d’’orgueil, quand l’homme se croit aussi puissant que les Dieux, qui se chargeront bien de le punir de son audace. La perte de l'innocence, tout simplement.

2 commentaires:

  1. J'ai beaucoup aimé ce classique de la SF qui m'avait échappé à l'époque. Lu récemment, j'ai, comme toi, trouvé ce mélange d'aventures et de psychologie très agréable à lire. Il faut dire que l'on est rarement déçu avec Silverberg. (Monades urbaines, les déportés du Cambrien, etc.)
    Un bon roman de détente.
    Meilleurs vœux pour 2014. :)

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  2. Meilleurs voeux à toi et au plaisir Fantasio :-)

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