Avant d’être réduit à un adjectif (kafkaïen désigne un système
bureaucratique
absurde et sans visage, générant angoisse et amertume), Franz Kafka, né
en 1883, était un habitant juif du ghetto de Prague. Ce plus vieux
ghetto d’Europe, véritable "petite mère" avec ses " griffes", lui devint vite étouffant bien qu’il choisisse néanmoins
d’y vivre jusqu’à la fin de sa vie, à l’exception des derniers mois de
son existence.
Prague faisait encore partie à cette époque de l’empire des Habsbourg de Bohême, empire dans lequel coexistaient de nombreuses langues et tendances sociopolitiques. Un tel environnement n’était guère propice à la constitution d’une identité claire et précise. Kafka en fera également les frais : juif tchèque parlant la langue officielle de l’empire, à savoir l’allemand - langue qui avait l’avantage d’être proche du yiddish - Kafka, qui en réalité n’était ni tchèque ni allemand, se trouva confronté à la montée du nationalisme tchèque alors que les allemands méprisaient ouvertement les tchèques. Quant aux juifs… tout le monde les haïssait. Impossible dans ces conditions de faire abstraction de la haine antisémite qui l’entourait. Plutôt qu’affronter cette peur des autres, Kafka préféra la refouler et la retourner contre lui-même, quitte à vouloir se transformer en infâme insecte rampant rapetissant afin de parvenir à disparaître, essayant en vain de ne point causer au monde trop de déplaisir. Mais la plus grande crainte de Kafka restera son propre père, véritable représentant de l’autorité face à laquelle Kafka éprouvera toute sa vie une terrifiante terreur. L’absence de rébellion se transformera rapidement en maladies psychosomatiques ou en dépréciation de soi.
« Kafka » de David Zane Mairowitz, illustré par Robert Crumb (pionnier de la BD américaine), est une vraie mine d’or concernant la vie, l’univers et les œuvres de Kafka. Biographie graphique de l’auteur, nous retrouvons également pas mal d’illustrations de ses récits les plus connus tels que « Le château », « Le procès », « La métamorphose » mais également « La colonie pénitentiaire », « Le terrier » ou « Un artiste du jeûne ». Idéal pour découvrir Kafka ou approfondir ses connaissances de l’auteur, qui ne cesse de nous interpeller, de nous questionner tout en demeurant définitivement hors d’atteinte. Cette synthèse de l’œuvre et de la vie de Kafka est absolument passionnante et très intéressante.
Prague faisait encore partie à cette époque de l’empire des Habsbourg de Bohême, empire dans lequel coexistaient de nombreuses langues et tendances sociopolitiques. Un tel environnement n’était guère propice à la constitution d’une identité claire et précise. Kafka en fera également les frais : juif tchèque parlant la langue officielle de l’empire, à savoir l’allemand - langue qui avait l’avantage d’être proche du yiddish - Kafka, qui en réalité n’était ni tchèque ni allemand, se trouva confronté à la montée du nationalisme tchèque alors que les allemands méprisaient ouvertement les tchèques. Quant aux juifs… tout le monde les haïssait. Impossible dans ces conditions de faire abstraction de la haine antisémite qui l’entourait. Plutôt qu’affronter cette peur des autres, Kafka préféra la refouler et la retourner contre lui-même, quitte à vouloir se transformer en infâme insecte rampant rapetissant afin de parvenir à disparaître, essayant en vain de ne point causer au monde trop de déplaisir. Mais la plus grande crainte de Kafka restera son propre père, véritable représentant de l’autorité face à laquelle Kafka éprouvera toute sa vie une terrifiante terreur. L’absence de rébellion se transformera rapidement en maladies psychosomatiques ou en dépréciation de soi.
« Kafka » de David Zane Mairowitz, illustré par Robert Crumb (pionnier de la BD américaine), est une vraie mine d’or concernant la vie, l’univers et les œuvres de Kafka. Biographie graphique de l’auteur, nous retrouvons également pas mal d’illustrations de ses récits les plus connus tels que « Le château », « Le procès », « La métamorphose » mais également « La colonie pénitentiaire », « Le terrier » ou « Un artiste du jeûne ». Idéal pour découvrir Kafka ou approfondir ses connaissances de l’auteur, qui ne cesse de nous interpeller, de nous questionner tout en demeurant définitivement hors d’atteinte. Cette synthèse de l’œuvre et de la vie de Kafka est absolument passionnante et très intéressante.
Kafka de David Zane Mairowitz & Robert Crumb, Actes Sud, 2007
Lire également sur ce blog :
• La colonie pénitentiaire et autres récits de Kafka (nouvelles)
• Lettres à Felice de Kafka (citation)
• La dernière métamorphose de Keiichirô Hirano (roman)
• Les monstres aux pieds d'argile d'Alexandre Kha (BD)
• Kafka de Steven Soderbergh (film)
Bonjour Sentinelle. Merci pour ce billet, j'adore Kafka. Ce que tu en dis est un bon résumé. Cela fait très bizarre de visiter aujourd'hui ce qui reste du ghetto de Prague. Il a quasiment disparu... comme aurait disparu Kafka si Max Brod n'avait pas passé outre ses dernières volontés en publiant ses textes. Et tu fais bien de rappeler que le yiddish est très proche de l'allemand. Il n'y a qu'à les écouter. Quand on sait ce qu'il est advenu de la culture yiddish à cause des nazis, c'est d'autant plus triste et...kafkaïen.
RépondreSupprimerBonjour Strum
SupprimerJ'aime beaucoup Kafka également, depuis très longtemps maintenant. Et je l'apprécie d'autant plus qu'il me donne toujours l'impression de me résister, enfin je veux dire de résister à toutes tentatives d'interprétations trop évidentes. C'est l'un des rares auteurs qui donne ce sentiment de nous échapper toujours. Il glisse, s'échappe à toute emprise, et c'est très intéressant. J'aime aussi écouter la langue yiddish. Puis comment oublier l'origine de la psychanalyse, qui est juive viennoise. Sans oublier Spinoza, le précurseur des Lumières, en quelque sorte. Beaucoup de personnalités fascinantes.
Oula je ne sais si mon commentaire est passé...
RépondreSupprimerA un moment ça a fait pschiiittt quand j'essayais de te demander si c'était la bouille de Kafka en couverture... et d'ajouter qu'il avait l'air un peu neuneu.
Tu sais bien ce qu'on dit : l'air ne fait pas la chanson :-p
SupprimerBon ben il a bel et bien disparu mon premier commentaire. Je disais des trucs indispensables comme: je n'ai lu que La métamorphose (terrifiant) et même pas vu le Procès d'Orson.
RépondreSupprimerJ'ai bien fait de repasser je crois.
Mais oui, ton commentaire a totalement disparu. Et ce n'est pas la première fois que cela se passe en ce qui te concerne. Tu écris à partir de ton gsm ? (Je ne sais plus comment vous dites en France, tel, portable ?).
SupprimerJe n'ose plus te conseiller une lecture mais si tu en as l'occasion, ne loupe pas Le Procès d'Orson Welles, qui reprend plusieurs romans de Kafka, dont Le château (très spécial ce livre, lu adolescente et qui m'avait laissé une très forte impression, mais sans doute pas son roman le plus accessible).
Tu fais toujours bien de repasser.
ah oui, gsm... tu es vraiment belge plus aucun doute :-)))
SupprimerMoi je dis portable voire téléphone, c'est dire si je suis old school. J'entends parler d'I-phone, ça doit faire chic.
Oui il m'arrive d'écrire depuis mon téléphone donc.
Je comprends que tu hésites à me conseiller des livres :-))) mais quand même il m'attire bien. L'histoire du Procès, je ne la connaissais pas, ça semble incroyable.
Ah oui : I-Phone ! Je dois aussi être old school, j'en suis restée au GSM :)
SupprimerJe relirai bien Le procès. Si une lecture commune te tente, n'hésite pas à me faire signe ;-)
Ah oui... j'ai aussi passé une heure sur wiki et autre pour me documenter sur Franz. Tres intéressant.
RépondreSupprimerC'est une personnalité fascinante, et je suis loin d'avoir fait le tour de sa personne et de ses écrits. De toute manière, je crois que son plus grand art est celui de se dérober sans cesse, et c'est sans doute aussi ce qui m'attire chez lui.
SupprimerOui sa personnalité me semble fascinante également. Beaucoup de souffrances physiques et morales. Et mort à 40 ans. Avec le souhait que tous ses écrits soient détruits, ce que son ami n'a pas respecté. Ce que je trouve ni très respectueux, ni très respectable mais en même temps... il est considéré comme un génie littéraire majeur. L'ami avait donc un sixième sens.
RépondreSupprimeroh oui, il est extraordinaire. C'est l'un des premiers à décrire l'exercice complètement anonyme du pouvoir : plus personne ne sait finalement qui décide de quoi. On ne peut plus d'actualité...
SupprimerTiens, je suis tombée sur la photo complète à partir de laquelle la couverture de la BD s'est inspirée. Il y est en compagnie de la serveuse Juliane Szokoll, dite "Hansi", âgée de 21 ans en 1908. Il parait que leur liaison fut passionnée mais malheureuse. On a toujours un air un peu neuneu quand on est amoureux :-)
http://madamepickwickartblog.com/wp-content/uploads/2010/07/kafka33.jpg