A l’âge de vingt ans, Tsukuru Tazaki vécut plusieurs mois en ne pensant qu’à la mort et à son éventuel suicide : qu’il n’ait plus d’existence dans ce monde et que le monde n’ait plus d’existence pour lui. Cette aspiration à la mort faisait suite à une rupture douloureuse : à Nagoya, ils étaient cinq amis inséparables depuis le lycée, jusqu’au jour où ses amis lui annoncèrent qu’ils ne voulaient plus le revoir. Lui, Tsukuru Tazaki, l’homme qui se pense incolore, sans signe distinctif, vide de nature et moyen en tout, l’homme qui pourtant avait été le seul à quitter sa ville natale pour étudier à l’université de Tokyo, en gardera à jamais des séquelles.
Et lorsque Sara rentre dans sa vie une quinzaine d’années plus tard, elle le sent comme hors d’atteinte, comme séparé du monde en maintenant une distance invisible mais palpable avec son entourage. Tsukuru Tazaki éprouve des sentiments pour Sara mais celle-ci refuse d’aller plus loin tant qu’il n’entamera pas un pèlerinage dans son passé, afin de s’y confronter en tentant de comprendre ce qui a brisé le cercle de ses amis, si parfait et si harmonieux en apparence, avant ce rejet demeuré inexplicable jusqu’à ce jour.
L’auteur nous convie à un roman intimiste et psychologique sur les blessures et la fragilité de la vie, leurs conséquences mais aussi le courage de s’en affranchir pour pouvoir accéder au bonheur d’aimer et d' être aimé. En ne maintenant plus la distance entre soi et les autres de crainte de replonger dans les abîmes de l'abandon, sans plus se voir comme un récipient exempt de contenu mais comme un homme digne capable de recevoir mais également de donner le meilleur de lui-même.
Un roman plein de charmes et aux résonances multiples sur le thème de l'exclusion et le mal-être qu'il engendre, sur les contours un peu flous des rêves et de la sexualité refoulée, sur l'homosexualité parfois latente qui s'en dégage.
L'Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage de Haruki Murakami, traduction par Hélène MORITA, Éditions Belfond, Littérature Etrangère, Septembre 2014, 384 pages.
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