lundi 16 décembre 2013

Confiteor de Jaume Cabré

Un homme malade, que la mémoire abandonne progressivement mais inéluctablement, décide avant de mourir d’écrire une lettre à la femme qu’il aime. Une manière de prendre ses dispositions, de mettre ses affaires en ordre, une sorte de testament désordonné en mettant sur le papier tout ce qui est racontable. Avant qu’il ne soit trop tard, avant que la mémoire ne disparaisse à jamais. Une lettre portée par une écriture frénétique sur plusieurs mois devant l’autoportrait de son grand amour qui n’est déjà plus. Pour témoigner, se confesser, pour transmettre. Pour se faire pardonner ?

Confiteor est un roman labyrinthique dans lequel on ne se perd jamais, la voix d’Adrià faisant office de fil d’Ariane. Nous passons de Rome à Barcelone, de Crémone à Paris, du présent aux siècles précédents en passant par la seconde guerre mondiale. Avec l’exploit d'aller d’un lieu à l’autre, d’une époque à l’autre sans crier gare, au saut de ligne au sein d’une même page, dans un flux continu comme des fils chamarrés qui s’entremêlent et s’enchevêtrent pour ne constituer qu’une seule et même toile. Et des motifs récurrents comme un violon d’exception, une médaille ou un linge de table encrassé.

La recherche des sources du mal qui hante les pages de notre histoire commune. Mais avant tout l’histoire d’une vie emmêlée aux autres, faite d’amours, d’amitiés, de trahisons, de remords, de lâchetés, de culpabilités. De tout ce qui nous lie, recevons en héritage, nous accompagne, ce que nous construisons et que nous transmettrons un jour.

Le tout porté par une écriture limpide, sans longueur malgré l’épaisseur du roman.

Un roman plaisant à lire mais qui a fini véritablement par m’émouvoir dans la dernière partie du récit, lorsque nous touchons à l’intimité d’une vie qui ne sera bientôt plus. Le fil d’une vie qui se dénoue mais qui ne se perdra pas pour autant.


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