dimanche 22 décembre 2013

Maître de la matière d’Andreas Eschbach

Voilà un roman qui prend son temps dans la mesure où l’auteur prend soin de nous présenter dans le détail la rencontre, à Tokyo, de Charlotte, fille d’un ambassadeur, et de Hiroshi, fils d’une blanchisseuse. 

Deux enfants d’une dizaine d’années à peine mais une rencontre déterminante pour tous les deux, tant et si bien qu’ils ne cesseront plus de se perdre et de se retrouver tout au long de leur vie. Hasard ou destinée ? 

C’est en tout cas à cette période qu’Hiroshi prend conscience des disparités sociales et économiques engendrant des barrières souvent infranchissables entre les différentes classes sociales. Pourtant une solution toute simple se présente à son esprit pour faire éclater définitivement ces disparités : libérer l’homme de la servitude du travail par des moyens technologiques. Une solution qu’il essayera de mettre en œuvre toute sa vie tant les contraintes techniques pour y parvenir sembleront insolubles. Jusqu'au jour où un phénomène aussi inexplicable que menaçant fait son apparition sur une île isolée de l’océan Arctique, au large de la Sibérie.

Si le roman se lisait jusque là agréablement sans beaucoup de rebondissements (l’enfance à Tokyo, le campus universitaire américain pendant les années d’études), nous entrons à ce moment-là dans une deuxième partie beaucoup plus rythmée, au point que le roman prend parfois des allures de thriller typiquement américain. Mais l’auteur est plus habile que cela, et c’est plutôt à un mélange de genres qu’il nous convie : thriller, fantastique (Charlotte a la faculté de connaître l’histoire des objets à leur contact) et science-fiction. Les thématiques diverses ne sont pas en reste tant il est également question des conséquences du réchauffement climatique, de notre système économique, de l’évolution technologique, de la possibilité de vies extraterrestres et même de paléoarchéologie.

J’ai regretté le manque de psychologie des personnages, beaucoup trop linéaires et un brin caricaturaux, et le fait que nous ayons l’impression qu’ils n’évoluent guère au cours du temps.

En final, un roman divertissant avec une deuxième partie essentiellement portée sur le thriller et la science-fiction,  qui se lit agréablement et qui pose question sur les possibilités offertes par l’évolution de la robotique et de la nanotechnologie. Surprenant aussi dans sa conclusion, mais cela semble être un peu la patte d’Andreas Eschbach, tant il m’avait déjà cueillie avec le dénouement de son premier roman, « Des milliards de tapis de cheveux », qui lancera sa carrière littéraire.

« Maître de la matière » donne tout de même l’impression d’avoir été écrit en vue d'une éventuelle adaptation cinématographique, et c’est peut-être sa plus grande faiblesse.

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