lundi 4 août 2014

Un village sans histoires de Charles Lewinsky


Un village sans histoires est le premier roman de l’auteur suisse mais il ne fut traduit en français qu’en 2010, soit deux ans après son grand succès littéraire « Melnitz », publié chez Grasset en ‎ 2008. 

Charles Lewinsky nous invite à une sorte de polar champêtre vu à travers les yeux d’un étranger venu se réfugier, après un douloureux chagrin d’amour, dans ce petit village français en apparence bien tranquille. 

« Qu’il reste étranger, tout village a besoin d’un étranger, quelqu’un dont on ne sait rien et ne veut rien savoir […] ». 

Sans histoires, Courtillon ? Vraiment ? Plutôt un monde à lui tout seul, fait de mille pas de long, et dans lequel il se passe bien des choses derrières les apparences trompeuses. 

Bien sûr, il y a les éternelles rumeurs et autres vieilles histoires bruissantes, événements rares rongés jusqu’à la moelle. Mais il demeure aussi quelques mystères, comme l’origine de la fortune des Ravallet, fermiers comme les autres mais devenus extrêmement riches après la guerre. D’où provenait cet argent ? Il n’y avait que la rumeur pour y répondre, jusqu’au jour où un projet d'aménagement du territoire, qui divise le conseil municipal, va soulever d’énormes tempêtes au point de tourner à la querelle de village. Le passé ressurgit de plus belle et toutes les rancœurs et autres secrets bien gardés referont surface : manipulation, chantage, tentative de corruption, meurtre, suicide. Que de déviances et de crimes dans ce petit village d’apparence si tranquille. 

Et un étranger qui deviendra membre du village à part entière, comme si le prix à payer n’était autre que la perte de son innocence. 

J’ai aimé cette lecture même si le côté désabusé et amer prend trop le dessus sur une histoire un brin trop maîtrisé : les personnages ne prennent pas vraiment vie mais sont plutôt des marionnettes aux mains de l’auteur, chacun occupant ses fonctions et positions respectives sans trop de surprise. Un premier roman donc, qui n’est pas sans faille mais qui se lit sans déplaisir aucun et qui témoigne avec évidence d’un auteur en devenir.


Un village sans histoires de Charles Lewinsky, Le Livre de Poche, 4 avril 2012, 384 pages


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